L'Être et le néant (1943) est, comme l'indique son sous-titre, un Essai d'ontologie phénoménologique. S'inscrivant dans la lignée de la phénoménologie husserlienne, Sartre part de l'idée que toute conscience est toujours conscience de quelque chose. Mais il remarque aussi que cette conscience est, en même temps, conscience de ce qu'elle n'est pas, conscience de son néant. L'homme se trouve donc placé face à lui-même et son mode d'être est radicalement différent de celui des choses qui l'entourent : alors que leur essence résume ce qu'elles sont, chez l'homme, l'existence précède l'essence. Autrement dit, l'homme doit composer avec une liberté fondamentale qui ne lui dicte rien. Exister, c'est avoir à être, c'est devoir se construire librement et indépendamment de toute nécessité.
Le texte ci-dessous est extrait de la troisième partie des quatre parties que compte l'ouvrage et qui est intitulée "Le pour autrui". Le chemin de pensée est le suivant : tout d'abord, Sartre part de la conscience qu'il relie au problème du néant (toute conscience est conscience de quelque chose et conscience de n'être pas cette chose). Sartre poursuit son analyse et en arrive au pour soi qui est la manière d'être de l'existant humain : manque d'être, il est incapable de coïncider avec lui-même, c'est là le fondement ontologique de la conscience. Enfin, il aboutit au pour autrui : c'est autrui qui permet à la conscience de revenir à soi. L'exemple de la honte sert justement à montrer qu'autrui est le seul moyen pour la conscience de devenir conscience de soi.