Dans "La fin de la guerre" (1945), texte initialement paru dans le premier numéro de la revue Les Temps modernes, Jean-Paul Sartre (1905-1980) donne son sentiment sur la nouvelle période qui s'ouvre après les terribles événements de la Seconde Guerre mondiale. Terminée en Europe après la capitulation de l'Allemagne nazie le 8 mai 1945, puis achevée définitivement sur le théâtre d'opération Asie-Pacifique le 2 septembre 1945 avec la capitulation du Japon, cette guerre totale propulse sur le devant de la scène deux grands vainqueurs : les Etats-Unis d'Amérique et l'Union des Républiques Socialistes Soviétiques (URSS).
Le texte ci-dessous s'inscrit dans la ligne éditoriale de la revue des Temps modernes qui a pour objectif de produire certains changements dans la condition sociale de l'homme et dans la conception qu'il a de lui-même. Sartre revient sur l'indifférence et l'angoisse qui caractérisent, selon lui, cette fin de guerre. C'est que, si la guerre a pris fin, la paix n'a, en revanche, pas vraiment commencé. La paix semble être devenue un jeu continu de dégradés. Les derniers événements ont révélé que les puissances de l'Axe (Allemagne, Italie, Japon) étaient finalement les nations les plus faibles, qui cèdent la place à deux superpuissances disposant de moyens colossaux. Mais surtout, ils ont montré le vrai visage de cette guerre : un avertissement de la fragilité humaine. Ils mettent l'homme face à sa responsabilité essentielle : c'est à lui qu'il appartient de définir le sens de l'histoire.