L'Introduction à l'étude de la médecine expérimentale (1865) est un ouvrage du médecin et physiologiste français Claude Bernard (1813-1878). L'ambition du livre est de donner à la médecine une méthode qui soit pleinement scientifique, c'est-à-dire capable d'établir des lois déterminées au moyen de l'expérimentation. Pour cela, elle doit considérer les phénomènes vivants comme des phénomènes physico-chimiques et procéder rationnellement en cherchant à rapprocher les faits et les théories afin de les vérifier. Trois phases comptent : l'observation d'un fait, l'hypothèse qui l'explique puis l'expérience visant à la vérifier dans des conditions contrôlées par le chercheur.
Le texte ci-dessous est extrait de la deuxième partie de l'Introduction. Dans la première partie, Claude Bernard s'intéresse au raisonnement expérimental et insiste notamment sur le rôle de l'observation dans l'expérience ainsi que sur la nécessité du doute que doit entretenir le chercheur afin de préserver sa liberté d'esprit. Il en vient, au début de la deuxième partie, à l'expérimentation chez les êtres vivants. Les corps vivants disposent en effet d'une spontanéité, c'est-à-dire d'une capacité à s'affranchir de la causalité physique et à se déterminer par eux-mêmes. Il cherche à montrer pourquoi cette conception du vivant ne s'oppose pas à la mise en pratique d'une méthode expérimentale.