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dimanche 4 septembre 2016

Cours - L'Etat


Introduction

Au sens premier du terme, sans la majuscule, un état désigne une situation ou une manière d'être. On parle ainsi d'un mauvais état lorsqu'un objet est abimé. Un corps sans vie pourra être en état de décomposition. Pour un individu vivant, on parlera d'un état d'inquiétude ou d'un état de repos pour caractériser sa situation spécifique. Le terme pris dans une expression peut aussi signifier capacité, par exemple lorsqu'on dit que l'on est en état de faire quelque chose, on dispose alors d'un pouvoir d'agir. Mais avec la majuscule, l'Etat renvoie à un sens bien spécifique qui est l'ensemble des structures (législative, exécutive, judiciaire) du pouvoir politique qui sont chargées d’organiser une société.

L'Etat tel que nous le connaissons aujourd'hui a connu de nombreuses évolutions historiques. A l'époque antique, la cité grecque (polis en grec qui donne le mot politique) ou la chose publique latine (res publica en latin qui donne le mot république) renvoient à une forme d'administration sporadique, très liée à la société civile. Elle est assez éloignée de notre bureaucratie moderne où les fonctionnaires constituent une force à part entière. L'idée d'Etat suppose en effet l'existence d'un pouvoir qui vient se placer au-dessus des volontés particulières et qui se distingue de la société qu'il organise. On oppose ainsi régulièrement l'Etat d'où procède le pouvoir et la société sur laquelle il s'exerce. 

jeudi 1 septembre 2016

"Au-dessus de ceux-la s'élève un pouvoir immense et tutélaire"

Commentaire

De la démocratie en Amérique (1835-1840) est un ouvrage paru en deux volumes écrit par Alexis de Tocqueville (1805-1859) suite à un voyage effectué sur le nouveau continent dans les années 1830. Paru en 1835, le premier volume est consacré à la description analytique des institutions américaines. Le second volume, paru cinq ans plus tard, en 1840, étudie l'influence de la démocratie sur les moeurs. Ce livre est l'occasion pour Tocqueville de mettre en garde contre les possibles conséquences négatives du développement d'une passion nouvelle à l'époque, celle de l'égalité, en ce qu'elle conduit les gouvernements à mettre en oeuvre des mesures liberticides.

Le texte ci-dessous est extrait du tome II, partie IV, chapitre VI dont l'objectif est de déterminer l'espèce de despotisme que les nations démocratiques ont à craindre. Dans cette partie IV, Tocqueville a commencé par souligner que l'égalité, en favorisant l'amour de l'indépendance des hommes, leur donnait naturellement le goût des institutions libres et générait une sorte de rejet de l'autorité gouvernementale. Pourtant, il montre dans les chapitres suivants que ce goût de l'indépendance peut dégénérer vers la servitude, notamment parce que les idées des peuples démocratiques en matière de gouvernement sont naturellement favorables à la concentration des pouvoirs (il n'y a plus de corps intermédiaires, une dissémination des pouvoirs comme c'était le cas dans l'aristocratie). Ainsi, le pouvoir souverain tend à s'accroître et risque de conduire à un despotisme doux.

mercredi 31 août 2016

"C’est seulement dans l’État que l’homme a une existence conforme à la Raison"

Commentaire

La raison dans l'Histoire constitue l'introduction des Leçons sur la philosophe de l'Histoire (1837) qui sont des textes établis à partir des manuscrits laissés par Georg Wilhelm Friedrich Hegel (1770-1831) et des notes de cours prises par ses élèves, puis publiés à titre posthume. Cette introduction présente la méthode hégélienne qui consiste à considérer l'histoire d'un point de vue philosophique, c'est-à-dire à penser la logique à l'oeuvre dans la succession des faits historiques. Pour Hegel, l'histoire est le lieu de la manifestation et de la prise de conscience de la manifestation de ce qu'il appelle l'Idée ou encore l'esprit absolu. Dans cette optique, il cherche à démontrer que l'histoire se déploie de manière rationnelle et qu'elle est donc marquée par le progrès.

Le texte ci-dessous est extrait du chapitre II portant sur la réalisation de l'esprit dans l'histoire. Hegel a d'abord défini la notion d'esprit, qu'il oppose à la notion de matière et qu'il rattache à la fois à la raison et la liberté (point 1). Il a ensuite (point 2) envisagé les moyens de la réalisation de cette liberté en évoquant notamment la ruse de la raison (le fait que la raison laisse les passions agir à sa place dans l'histoire pour son profit) et le rôle des grands hommes (ils réalisent ce progrès de la raison dans l'histoire). Le point 3 est ainsi l'occasion de connaître la matière qui sert à réaliser la fin de la raison : l'Etat.

vendredi 19 août 2016

"Chacun se donnant à tous ne se donne à personne"

Commentaire

Le Contrat social (1762) est un ouvrage de Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) qui établit le fondement légitime de l'autorité politique. Rousseau se fixe comme principal objectif de garantir la liberté car elle constitue selon lui l'essence de l'homme. Ainsi, il se distingue de ses prédécesseurs Hobbes et même Locke, tous deux ayant également développé une théorie du contrat social où les hommes, en s'unissant, abandonnaient leur droit de nature, à condition que le souverain protège leur vie (Hobbes) ou leurs biens (Locke). En effet, si les hommes abandonnent leur droit de nature (et donc leur liberté naturelle) chez Rousseau, c'est uniquement à condition que le contrat social garantisse la protection et la conservation de leur liberté (dite conventionnelle ou sociale).

L'extrait ci-dessous constitue le chapitre 6 (intitulé "Du pacte social") du livre I. Après avoir fait le constat que l'homme est né libre et qu'il se trouve partout dans les fers (I, 1), Rousseau a établi que la force ne pouvait créer aucun droit (critique de la notion de droit du plus fort en I, 3), puis a montré que la liberté ne pouvait pas être aliénée, c'est-à-dire échangée contre autre chose qu'elle-même (I, 4). Il va ici expliquer comment la forme d'association qu'il préconise permet de sauvegarder la liberté dont l'homme dispose à l'état de nature lors de son passage à l'état social. Pour cela, il introduit le concept de volonté générale comprise comme volonté unique d'un corps politique et non réductible à la somme des parties au contrat.

mercredi 17 août 2016

"La fin de l'Etat est la liberté"

Commentaire

Le Traité théologico-politique (1670) ou TTP est l'un des rares ouvrages de Baruch Spinoza (1632-1677) parus de son vivant. Dans ce livre, l'auteur réalise une interprétation de l'Ecriture à la lumière de la raison naturelle. Mais surtout, Spinoza y pose les bases de la laïcité (même si le mot n'est pas présent dans le TTP), c'est-à-dire de la séparation du théologique et du politique, permettant ainsi à des communautés d'obédiences différentes (Amsterdam était une République multiconfessionnelle réunissant des protestants, des catholiques, des juifs, des athées, etc.) de vivre ensemble. Il se veut ainsi un ardent défenseur de la liberté de penser.

Le texte ci-dessous est extrait du chapitre XX qui clôt le TTP. Dans le chapitre XVI, Spinoza a établi que le droit naturel de chaque chose s'étend aussi loin que sa puissance le lui permet. Or ce droit ne se définit pas par la raison, mais par le désir. Par conséquent, rien n'est interdit, y compris la violence qui fait partie de la nature. Cependant, il apparaît plus utile aux hommes de vivre selon des lois qui les mettent à l'abri d'une crainte mutuelle. Ils instaurent donc un état social fixant des bornes à ce que chacun peut faire par l'intermédiaire d'un pacte, dont le principe est l'utilité qu'il procure aux individus qui s'unissent. Ce pacte assure le transfert de la puissance de chaque individu à la société elle-même qui détient désormais le pouvoir souverain. Chaque volonté se trouve ainsi soumise à la volonté de ce souverain et se doit de lui obéir. 

vendredi 8 avril 2016

"Un respect mêlé d'effroi"

Commentaire

Paru en 1651, le Léviathan est un ouvrage de Thomas Hobbes (1588-1679) qui cherche à résoudre sur un plan théorique les problèmes politiques que rencontre l'Angleterre à cette époque : une guerre civile oppose alors puritains et royalistes et contraint Hobbes à l'exil en France en 1640. Le roi Charles Ier est exécuté en 1649, Hobbes ne revient en Angleterre qu'en 1651 sous le règne de Cromwell. La monarchie est restaurée en 1660 par Charles II. 

Le texte ci-dessous traite de la condition de l'homme à l'état de nature, qui pour Hobbes, est un état de guerre. Après avoir identifié les trois causes principales de conflit que l'on trouve dans la nature humaine - à savoir la compétition, la défiance et la gloire qui poussent les hommes à s'attaquer respectivement en vue du profit, de la sécurité et de la réputation -, il revient sur les causes précises de la guerre à l'état de nature. 

mercredi 6 avril 2016

"Le monopole de la violence physique légitime"

Commentaire

Le savant et le politique est un recueil composé de deux conférences prononcées par Max Weber en 1919 : "La vocation de savant" et "La vocation de potitique". Dans la première, Weber traite du rapport du savant aux valeurs et dans la seconde, de l'action politique, de son fonctionnement, de sa légitimation et donne une définition célèbre de l'Etat : "communauté humaine" qui détient "le monopole de la violence physique légitime". C'est de cette conférence qu'est issu le texte présenté ci-dessous.

Le sens de l'adjectif "politique" s'entend pour Max Weber à partir de la notion de groupement humain. L'Etat correspond à la direction ou à l'influence que l'on exerce sur cette direction du groupement humain. 

lundi 28 mars 2016

Le Projet de paix perpétuelle de Kant

Le Projet de paix perpétuel est un texte publié en 1795 où le philosophe Emmanuel Kant réfléchit à la possibilité d'instaurer une paix perpétuelle entre les différents Etats du monde. Dans son incipit, il s'adresse aux hommes politiques qui réduisent les théoriciens comme lui à de doux rêveurs et dénonce l'immobilisme des praticiens qui se complaisent dans une situation où l'humanité est dégradée.

Cette fiche de lecture a été réalisée à partir de l'édition suivante : Emmanuel Kant, Projet de paix perpétuelle, trad. Karin Rizet, Mille et une nuits, coll. "Poche", 2001. 

samedi 25 mai 2013

Citations sur la politique

1/ La société


« L'homme est par nature un animal politique ».
Aristote, La Politique.


« Celui qui est sans cité est soit une brute, soit un dieu ».
Aristote, La Politique.

« Ce qui donne naissance à une cité, c’est l’impuissance où se trouve chaque individu à se suffire à lui-même ».
Platon, La République.

« L’homme est un loup pour l’homme ».
Hobbes, Léviathan.

« La plus ancienne de toutes les sociétés et la seule naturelle est celle de la famille ».
Rousseau, Du Contrat social.

« Chacun appelle barbarie ce qui n'est pas de son usage ».
Montaigne, Essais.

« Tout être raisonnable existe comme fin en soi et non pas simplement comme moyen ».
Kant, Fondement de la métaphysique des mœurs.

« L'homme n'existe que pour la société et la société ne le forme que pour elle ».
De Bonald, Théories du pouvoir politique et religieux.

« Vices privés, vertus publiques ».
Mandeville, La Fable des abeilles.

«  Ce n’est pas de la bienveillance du boucher, du brasseur et du boulanger qu’il faut espérer notre dîner, mais du souci de leur propre intérêt ».
Smith, Richesse des nations.

« Là où l’intérêt règne seul, (…) chaque moi se trouve vis-à-vis de l’autre sur le pied de guerre ».
Durkheim, De la division du travail social.

2/ La justice et le droit


« Ce sont les faibles, la masse des gens, qui établissent les lois (…) en fonction de leur intérêt propre ».
Platon (exprimant la pensée du sophiste Calliclès), Gorgias.

« Ne pouvant faire que ce qui est juste fût fort, on a fait que ce qui est fort fût juste ».
Pascal, Pensées.

« La justice sans la force est impuissante. La force sans la justice est tyrannique. »
Pascal, Pensées.

« Plaisante justice qu’une rivière borne ! Vérité au-deçà des Pyrénées, erreur au-delà ».
Pascal, Pensées.

« Le plus fort n’est jamais assez fort pour être toujours le maître, s’il ne transforme sa force en droit et l’obéissance en devoir ».
Rousseau, Du contrat social.

« L’homme porte en lui-même la justification principale de la propriété ».
Locke, Second traité du gouvernement civil, chap. 5, §44.

« Si la justice disparaît, c’est chose sans valeur que les hommes vivent sur terre ».
Kant, Métaphysique des mœurs, « Doctrine du droit », II.

« La propriété, c’est le vol ».
Proudhon, Qu’est-ce que la propriété.

« L’équité (…) donne de l’air à la justice ».
Jankélévich, Traité des vertus.

3/ L’Etat


« En vérité, le but de l'État, c'est la liberté ».
Spinoza, Traité théologico-politique.

« Pour qu'on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir ».
Montesquieu, L'Esprit des lois.

« Les hommes doivent être caressés ou anéantis ».
Machiavel, Le Prince.

« Aussi longtemps que les hommes vivent sans un pouvoir commun qui les tienne tous en respect, ils sont dans cette condition qui se nomme guerre, et cette guerre est guerre de chacun contre chacun ».
Hobbes (décrivant la situation à l’état de nature), Le Léviathan.

« Les ouvriers n’ont pas de patrie ».
Marx, Manifeste du parti communiste.

« Cette sorte de servitude réglée, douce et paisible (…) à l’ombre même de la souveraineté du peuple ».
Tocqueville, De la démocratie en Amérique, II, 4, 6.

« L’État, c’est le plus froid de tous les monstres froids : il ment froidement et voici le mensonge qui rampe de sa bouche : ‘‘Moi, l’État, je suis le Peuple’’. »
Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, « De la nouvelle idole ».

« La guerre, c’est la continuation de la politique avec d’autres moyens ».
Clausewitz, De la guerre.

« Le pouvoir sans l’abus perd le charme ».
Valéry, Cahier B.

« Résistance et obéissance, voilà les deux vertus du citoyen. Par l'obéissance, il assure l'ordre, par la résistance, il assure la liberté ».
Alain, Propos.

« Tout pouvoir sans contrôle rend fou ».
Alain, Propos.

« On ne fait pas de politique avec de la morale, mais on n'en fait pas davantage sans ».
 Malraux, La Condition humaine.