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jeudi 12 avril 2018

"Les faibles et les ratés doivent périr"

Commentaire

L'Antéchrist (1895) est un ouvrage inachevé de Friedrich Nietzsche (1844-1900) qui se présente comme un essai de critique du christianisme. Contrairement à ce que pourrait laisser penser son titre, il vise moins le Christ lui-même que la doctrine morale associée à la religion chrétienne. Nietzsche considère cette morale - qu'il étend au-delà même du christianisme jusqu'à Socrate et au platonisme - comme foncièrement négatrice de la vie, valorisant la pitié ainsi qu'une vision du bien et du mal qui culpabilise la force au profit de la faiblesse. 

Le texte ci-dessous est extrait du § 2. Dans le premier paragraphe, Nietzsche constate que l'homme moderne est malheureux car il ne sait plus vers quel horizon se tourner. Or lui a découvert le bonheur ce qui lui a permis de sortir de cette modernité qui le rendait malade parce qu'elle défendait une paix avariée et une largeur de cœur qui pardonne tout en comprenant tout. Désormais, il se tient "le plus loin possible du bonheur des débiles", c'est-à-dire de "la résignation" car il sait vers quel but diriger son audace, sa "soif d'éclairs et d'exploits", la formule de son bonheur consistant justement à tracer un chemin en "ligne droite". Le § 2 s'inscrit dans le même style à la fois direct et provocateur. Il s'ouvre sur une série de questions et de réponses simples, qui sont suivies de trois affirmations sur ce que n'est pas le bonheur et s'achève sur deux énoncés portant sur le devoir et la vertu. 

lundi 8 janvier 2018

"Le monde nous est bien plutôt devenu, une fois encore, "infini""

Commentaire

Le Gai Savoir (paru en 1882 mais dont la Préface et la Ve partie datent de 1887) est un ouvrage de Friedrich Nietzsche (1844-1900). Nietzsche dresse le constat du dogmatisme des sciences, c'est-à-dire le besoin de fixer un sens dans des formules définitives. Or il estime que le savoir est essentiellement artistique, c'est-à-dire inventivité, créativité et donc pluralité de sens. Plus généralement, il appelle à la transmutation de toutes les anciennes valeurs que sont, par exemple, la vérité, le bien, le beau, la justice, la vertu, l'être, etc.,  toutes ces valeurs correspondant aux idéaux du christianisme et qui plongent leurs racines dans le platonisme. Il annonce ainsi symboliquement la mort de Dieu (cf. § 125 et § 343) et espère en l'émergence d'un "surhomme" capable de poser des valeurs nouvelles. 

Le texte ci-dessous est extrait de la Ve partie de l'ouvrage intitulée "Nous sans peur" et constitue, plus précisément, son paragraphe 374. Dans le paragraphe précédent (§ 373 - ""Science" comme préjugé"), Nietzsche critique l'interprétation scientifique du monde qu'il considère comme "l'une des plus stupides" au sens où, réduisant tout le réel à des formules et à des calculs, elle s'empêcherait d'en saisir toute la richesse de significations. Une appréciation purement scientifique de la musique serait absurde dans la mesure où elle serait impuissante à rendre compte pleinement de celle-ci. Ainsi, un monde réduit à une interprétation mécaniste, analysant seulement les causes et les effets, serait "un monde essentiellement dénué de sens" conclut Nietzsche. Face à cela, il désire montrer que tout est fondamentalement interprétation.

mercredi 19 octobre 2016

"Nos devoirs - ce sont les droits que les autres ont sur nous"

Commentaire

Aurore (1881) est l'un des premiers ouvrages de Friedrich Nietzsche (1844-1900) portant sur la morale. Il contient en tout cinq livres : le premier est une critique du christianisme, le deuxième vise la morale, le troisième s'en prend à la vie publique, le quatrième repose autrement les questions de la métaphysique et le cinquième propose une vision nietzschéenne de la morale reposant sur l'exaltation du dépassement de soi et de la prise de risque. 

Le passage ci-dessous se trouve au livre II. Il s'agit, plus précisément, du début du §112 intitulé "Pour l'histoire naturelle du devoir et du droit". L'histoire naturelle consiste en une observation et une description systématique de la nature. Elle est apparue dans l'Antiquité notamment sous la plume d'Aristote et de Pline. L'enjeu pour Nietzsche consiste donc à décrire le devoir et le droit comme le ferait un naturaliste : remonter à la racine du devoir pour expliquer ce qu'il est essentiellement. Il va ainsi être amené à le comprendre dans un système plus global d'échange de droits-devoirs où la notion de pouvoir joue un rôle déterminant.