Affichage des articles dont le libellé est inconscient. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est inconscient. Afficher tous les articles

mercredi 13 avril 2016

"L'inconscient est une méprise sur le Moi, c'est une idolâtrie du corps"

Commentaire

Les Eléments de philosophie (1916) ont été écrits par le philosophe Emile Chartier (1868-1951), plus connu sous le nom d'Alain, pendant la guerre de 14. Ils constituent une série de textes visant à clarifier certains problèmes de philosophie. Ils se composent de trois livres traitant respectivement de la connaissance par les sens, de l'expérience méthodique et de la connaissance discursive. 

L'extrait ci-dessous reproduit l'intégralité de la "Note sur l'inconscient" qui se trouve au chapitre XVI consacré au mécanisme (Livre II). Il est l'occasion pour Alain de revenir sur "cet abrégé du mécanisme" qu'est l'inconscient. Le mécanisme est, selon Alain, la doctrine d'après laquelle tous les changements dans l'univers sont des mouvements. Il critique toutefois la tendance à la simplification de la doctrine, notamment chez les disciples. Il faut toujours garder à l'esprit que rien dans les apparences n'impose l'hypothèse du mouvement et donc maintenir une certaine rigueur dans les analyses. 

"Montrer au moi qu'il n'est seulement pas maître dans sa propre maison"

Commentaire

Introduction à la psychanalyse (1917) est une série de leçons professées par Freud (1856-1939) entre 1915 et 1917. Il cherche alors à convaincre son auditoire du caractère scientifique de la psychanalyse et de l’importance qu’elle revêt dans l’histoire de la pensée humaine. Destiné à un public de non spécialistes, il expose de manière accessible les principaux concepts de la psychanalyse. Il se divise en trois parties : les actes manqués, le rêve et la théorie générale des névroses.

Le texte ci-dessous est extrait de la troisième partie consacrée à la théorie générale des névroses. Freud explique pourquoi, selon lui, la psychanalyse et sa découverte concernant l'importance de l'inconscient dans la vie psychique, essuient de virulentes critiques. Son idée est que cette résistance s'explique parce qu'elle blesse le narcissisme humain. Freud réinscrit cette blessure dans l'histoire des sciences et en fait la troisième blessure narcissique de l'humanité. 

"Une pensée vient quand "elle" veut, et non pas quand "je" veux"

Commentaire 

Par-delà bien et mal (1886) est un ouvrage de Nietzsche (1844-1900) rédigé sous forme aphoristique (pensée exprimée sous forme de phrases courtes). Chaque aphorisme s'offre comme une perspective possible sur les choses et Nietzsche affirme qu'il n'existe qu'une multitude de perspectives sur les choses et pas de chose en soi (position philosophique que l'on appelle le perspectivisme). Il commence son livre par la revue des préjugés des philosophes et notamment ce qu'il appelle la volonté de vérité, puis s'intéresse à la confiance qu'ils ont dans le langage et la grammaire. C'est de ce dernier point que traite le §17. 

Dans le texte ci-dessous, Nietzsche s'attaque en effet à la logique, science des raisonnements et s'en prend plus particulièrement aux logiciens qu'il qualifie de "superstitieux". Cette accusation à leur encontre est paradoxale puisque la superstition désigne une croyance irrationnelle. Or Nietzsche s'appuie sur un constat d'expérience, ce qu'il appelle par euphémisme "un tout petit fait" : "une pensée vient quand "elle" veut, et non pas quand "je" veux". Il arrive qu'une pensée nous vienne à l'esprit sans que nous le voulions. Il nous arrive aussi parfois de ne pas parvenir à nous souvenir d'une idée alors que nous essayons de nous en rappeler. Aussi, au lieu de dire "je pense", il vaudrait mieux dire "ça pense". Que quelque chose en nous pense, cela est certain, mais dire que l'on peut attribuer cette pensée à un "je", à un sujet, c'est pour Nietzsche, une simple "supposition" ou en tout cas, loin d'être une "certitude immédiate". 

mardi 12 avril 2016

"Ce que la volonté veut, c'est toujours la vie"

Commentaire

Le Monde comme volonté et comme représentation (1818) est le grand ouvrage de Schopenhauer (1788-1860). Il se compose de quatre livres étudiant tour à tour la représentation et la volonté. L'idée de Schopenhauer est que le monde est l'objet d'une représentation et qu'il n'est même que cela : objet que par rapport à un sujet, perception que par rapport à un esprit percevant. La conscience n'est donc que la représentation des choses pour un sujet. Mais il ajoute que le monde est aussi volonté et que cette volonté renvoie à une réalité en soi source de toutes les représentations. 

Le texte ci-dessous est extrait du début du §54 qui se trouve au livre IV du Monde. Ce livre traite de la volonté se connaissant elle-même, s'affirmant et se niant. Ce début de paragraphe est l'occasion pour Schopenhauer de revenir sur les acquis des trois premiers livres. Il réaffirme que le monde en tant que représentation offre à la volonté un miroir où elle prend connaissance d'elle-même. La volonté permet d'expliquer tous les actes de l'homme et la raison permet de prendre conscience de celle-ci. 

lundi 11 avril 2016

"L'interprétation des rêves est la voie royale qui mène à la connaissance de l’inconscient"

Commentaire

L'interprétation du rêve (1900) ou Traumdeutung en allemand est l'un des plus importants ouvrages de Freud (1856-1939). Il s'agit de la première publication d'un livre de psychanalyse. Freud réalise dans cet ouvrage son auto-analyse à partir de ses rêves. Par ce geste, il universalise sa théorie : l'inconscient ne doit pas être un sujet de préoccupation pour les seuls malades, mais il concerne le fonctionnement psychique de tout individu. 

Après avoir étudié la littérature scientifique portant sur le rêve (chapitre I), Freud développe sa théorie générale du rêve (chapitre II à V) : il décrit sa méthode d'interprétation et affirme que le rêve consiste à accomplir le désir. Dans les deux derniers chapitres (VI et VII), Freud expose les processus propre à l'inconscient et propose sa première topique, une répartition du psychisme en trois pôles : inconscient, préconscient et conscient (il développe en 1920 une seconde topique complémentaire : moi, ça et surmoi).

samedi 26 mars 2016

"Cent mille rien ne sauraient faire quelque chose"

Commentaire

Ecrits en français, langue des scientifiques de l’époque, les Nouveaux Essais sur l’entendement humain (achevés en 1706 mais publiés en 1765) de Leibniz se veulent une réponse aux Essais sur l’entendement humain du britannique John Locke, notamment sur la question du statut des idées. Pour l’empirisme lockéen, toute connaissance procède des sens, il n’existe pas d’idées innées comme le pense Descartes et l’esprit est "une table rase" (tabula rasa en latin). Leibniz propose une solution permettant de concilier l’innéisme cartésien et l’empirisme lockéen qu'il résume ainsi : rien n'est dans l'intellect qui n'ait d'abord été dans les sens, si ce n'est l'intellect lui-même.

L’extrait commenté fait référence à la théorie des petites perceptions, anticipation de la notion d’inconscient qu’approfondira ensuite la psychanalyse. Cette théorie consiste à montrer que si notre esprit est constitué d’une infinité d’idées et d'impressions, celles-ci ne sont pas toujours aperçues par nous. Selon Leibniz, l’esprit humain contient une infinité d’idées virtuelles qui s’actualisent lorsque nous y pensons. 

dimanche 13 mars 2016

Est-il absurde de désirer l'impossible ?


Sujet : "Est-il absurde de désirer l'impossible ?"
Bac de philosophie 2009 - Série S

Introduction

"Soyez réaliste, demandez l’impossible" scande-t-on lors des manifestations de mai 68, aujourd’hui, ce serait plutôt "ayez la tête sur les épaules" ou "rêvez pas, restez concret". Désirer l’impossible sonne donc comme une revendication de liberté, mais aussi comme un rêve d’étudiants, une utopie naïve, un irréalisme désuet. S’il n’a pas toujours été bon d’être irréaliste, c’est que désirer l’impossible nous amène toujours à des dangers, voire à des souffrances. En même temps, cet irréalisme a parfois mené l’homme au-delà de lui-même, dans ce qu’on appelle le dépassement de soi. Désirer l’impossible est donc un mouvement qui nous amène en avant de nous-mêmes, mais cet avant est pour le meilleur et pour le pire : il vaut un dépassement ou un échec, parfois même les deux. C’est d’ailleurs l’une des caractéristiques du progrès technique : la technologie nucléaire peut être à la fois une source importante d’électricité et utiliser comme bombe atomique. N’est-ce pas cette ambivalence qui présente un côté éminemment absurde ? Le désir est ce mouvement sensible qui nous fait nous élancer vers quelque chose. Il est un moteur de l’action et parfois même aussi un mobile. Le désir en effet, lorsqu’il est transgressif, fraye avec ce qui est de l’ordre, sinon de l’impossible, du moins de ce qui ne devrait pas être possible. Il ne devrait pas être possible de tuer quelqu’un, et pourtant, certains y sont conduits. Un autre exemple peut nous amener à reposer la question d’un point de vue différent : il ne devait pas être possible à l’homme de voler, et pourtant, certains s’y sont attelés et ont même réussi. Qu’y a-t-il donc de si absurde dans le désir d’impossible, s’il est aussi inséparable de ce qui fait l’être de l’homme, être à la fois sensible et rationnel ? En d’autres termes, quelles sont les bonnes raisons qui peuvent nous amener à désirer l’impossible ?

vendredi 24 mai 2013

Citations sur le sujet

1) La conscience

"Se connaître soi-même, c'est cela la sagesse". +++
- Platon, Charmide, (citant Critias faisant référence et reprenant l’inscription inscrite sur le fronton du temple de Delphes : "Connais-toi toi-même").

"Je pense, donc je suis". +++
- Descartes, Discours de la méthode, IV.

"L’homme (...) est un roseau pensant". +++
- Pascal, Pensées, fragment 348 (Brunscwicg). 

"Auparavant, [l'enfant] se sentait ; maintenant, il se pense". +++
- Kant, Anthropologie d'un point de vue pragmatique, I, §1. 

"Ce n'est pas la conscience des hommes qui détermine leur existence, c'est au contraire leur existence sociale qui détermine leur conscience". +++
- Marx, Contribution à la critique de l'Économie politique, « Avant-propos ».

"Toute conscience est conscience de quelque chose".  +++
- Husserl, Méditations cartésiennes, §2. 

"Conscience ! Conscience ! Instinct divin, immortelle et céleste voix !"
- Rousseau, Emile ou De l’éducation.

"Deviens ce que tu es".
- Nietzsche, Le Gai Savoir. 

2) La perception

« Dans les impressions, il n’y a pas de science ».
Platon, Théétète.

« La perception porte nécessairement sur une réalité singulière, tandis que la science consiste dans le fait de connaître l’universel ».
Aristote, Seconds Analytiques.

« Commençons par la considération des choses les plus communes, et que nous croyons comprendre le plus distinctement ».
Descartes, Méditations métaphysiques.

« Dans les sens, il n’y a point de jugement ».
Kant, Critique de la raison pure.

« La perception dispose de l’espace dans l’exacte proportion où l’action dispose du temps ».
Bergson, Matière et mémoire.

« Ce que chaque perception, même fausse, vérifie, c'est l'appartenance de chaque expérience au même monde ».
Merleau-Ponty, Le visible et l’invisible.

3) L’inconscient

"Cent mille rien ne sauraient faire quelque chose". +++
- Leibniz, Nouveaux essais sur l'entendement humain, "Préface". 

"Une pensée vient quand "elle" veut et non pas quand "je" veux". +++
- Nietzsche, Par-delà bien et mal, I, §17.

"Ce que la volonté veut, c'est toujours la vie"+++
- Schopenhauer, Le monde comme volonté et comme représentation, §54.

"Montrer au moi qu’il n’est seulement pas maître dans sa propre maison". +++
- Freud, L’inquiétante étrangeté et autres textes, « Une difficulté de la psychanalyse ».

"L'interprétation des rêves est la voie royale qui mène à la connaissance de l'inconscient dans la vie psychique"+++
- Freud, L'interprétation des rêves, VII, E.

"L'inconscient est une méprise sur le Moi, c'est une idolâtrie du corps". +++
- Alain, Eléments de philosophie, II, 16, "Du mécanisme", "Note sur l'inconscient".

4) Autrui

« Un ami est un autre soi-même ».
Aristote, La Grande Morale.

« Si on me presse de dire pourquoi je l'aimais, je sens que cela ne se peut exprimer qu'en répondant : parce que c'était lui, parce que c'était moi ».
Montaigne, De l'Amitié (parlant de son ami La Boétie).

« Le désir de l’égalité devient toujours plus insatiable à mesure que l’égalité est plus grande ».
Tocqueville, De la démocratie en Amérique.

« L’enfer, c’est les autres ».
Sartre, Huis clos.

« Le visage est (…) ce dont le sens consiste à dire : ‘‘Tu ne tueras point’’. »
Levinas, Ethique et infini.

« Tout ce qui est commun, dans le désir (…) signifie non l’harmonie, mais le conflit ».
René Girard, La Violence et le Sacré.

5) Le désir

"Notre ancienne nature est telle que nous étions un tout complet"+++
- Platon, Banquet (citant Aristophane qui fait l'éloge d'Eros en racontant le mythe de l'androgyne).

"Parmi les désirs, les uns sont naturels, les autres sans fondement". +++
- Épicure, Lettre à Ménécée.

"Si tu désires quelqu'une des choses qui ne sont pas en notre pouvoir, tu seras malheureux". +++
- Épictète, Manuel.

"Ce n'est pas par la satisfaction du désir que s'obtient la liberté, mais par la destruction du désir".- Épictète, Manuel.

"Ne demande point que les choses arrivent comme tu les désires, mais désire qu'elles arrivent comme elles arrivent et tu prospéreras toujours".
- Épictète, Manuel.

"Nous jugeons qu'une chose est bonne parce que nous la désirons"+++
- Spinoza, Ethique, III.

"Le désir est l’essence même de l’homme".
- Spinoza, Ethique, III.

"Changer mes désirs plutôt que l’ordre du monde". +++- Descartes, Discours de la méthode, III (3e maxime de la morale par provision).

"La vie oscille, comme un pendule, de droite à gauche, de la souffrance à l'ennui". +++
- Schopenhauer, Le monde comme volonté et comme représentation, IV, § 57.

"Malheur à qui n'a plus rien à désirer ! Il perd pour ainsi dire tout ce qu’il possède". - Rousseau, Julie ou La Nouvelle Héloïse.

"Nous ne savons renoncer à rien. Nous ne savons échanger qu’une chose contre une autre".
- Freud, Essais de psychanalyse appliquée.

"Le désir fleurit, la possession flétrit toutes choses".
- Proust, Les plaisirs et les jours.

6) L’existence et le temps

« Il n’y a pas de temps sans mouvement ou sans changement ».
Aristote, Physique.

« Le présent est court, l’avenir incertain ; le passé seul est assuré ».
Sénèque, De la brièveté de la vie.

« Qu’est-ce donc que le temps ? Si personne ne me le demande, je le sais bien. Si je veux l’expliquer à quelqu’un qui le demande, je l’ignore ».
Saint-Augustin, Confessions, VI, 14.

« Le présent d’ordinaire nous blesse ».
Pascal, Pensées, n°172 Brunchvicg, n°47 Lafuma.

« Le sentiment de l’existence dépouillé de toute autre affection est par lui-même un sentiment précieux de contentement et de paix ».
Rousseau, Les rêveries du promeneur solitaire.

« Le temps est la condition formelle a priori de tous les phénomènes ».
Kant, Critique de la raison pure.

« Le temps est ce qui empêche que tout soit donné tout d’un coup ».
Bergson, La pensée et le mouvant.

« L’existence est un fléchissement ».
Sartre, La Nausée.