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lundi 6 novembre 2017

Cours - L'histoire

Introduction

"Il était une fois". Ainsi commencent les histoires qui sont racontées aux enfants pour les endormir. Ces contes, qui ont pour objectif de distraire, de rassurer, parfois même d'éduquer, n'ont assurément pas le souci de la vérité, ni même celui de la vraisemblance. Pourtant, "histoire" vient du grec historia qui signifie "enquête" et l'histôr est "le témoin, celui qui a vu". Il semble donc que le lien entre la vérité et l'histoire soit beaucoup plus intime que ce que pourrait laisser penser son sens le plus large. Il est notable d'ailleurs que, bien souvent, les contes plongent leurs racines dans un passé légendaire ou mythologique, c'est-à-dire dans un univers certes fictif mais néanmoins possible.

En outre, l'histoire est cette discipline qui est enseignée à l'école. Chaque petit Français apprend au cours de sa scolarité, l'histoire de France : les grandes dates qui ont compté pour la constitution de cette nation, les grands héros historiques qui l'ont façonnée et la manière dont elle s'est progressivement construite pour devenir la République que l'on connaît aujourd'hui. Pour autant, cette histoire est souvent l'objet de critiques. Certains voient en elle un simple moyen d'édifier le peuple, de lui inculquer une conscience historique nationale, c'est-à-dire une façon propre de se rapporter à son passé collectif (on pense par exemple à l'expression typique du roman national : "nos ancêtres les Gaulois") et mettent en doute son caractère scientifique.

samedi 4 novembre 2017

"Nous attendons de l'historien une certaine qualité de subjectivité"

Commentaire

Histoire et vérité (1955) est un recueil rassemblant onze études du philosophe Paul Ricoeur (1913-2005). Ces études sont regroupées dans deux grandes parties : la première est consacrée à la vérité dans la connaissance de l'histoire et la seconde à la vérité dans l'action historique. La première est d'ordre méthodologique et la seconde éthique.  

Le texte ci-dessous se trouve au tout début de la première partie, dans la première étude intitulée "Objectivité et subjectivité en histoire". Ricoeur s'intéresse à l'exigence d'objectivité du métier d'historien et se demande si l'histoire peut se prêter à une connaissance en vérité selon les règles de la pensée objective mise en oeuvre dans les sciences. Pour répondre, il repère trois attendus à propos des sciences historiques : une certaine objectivité de l’histoire, la subjectivité impliquée de l'historien et le développement, chez le lecteur, d'une subjectivité de haut rang. Il pense ainsi l'histoire comme un tout comprenant la discipline scientifique elle-même, l'historien mais aussi le récepteur, à savoir le lecteur. 

dimanche 28 mai 2017

"Chaque matin nous serons à la veille de la fin des temps"

Commentaire

Dans "La fin de la guerre" (1945), texte initialement paru dans le premier numéro de la revue Les Temps modernes, Jean-Paul Sartre (1905-1980) donne son sentiment sur la nouvelle période qui s'ouvre après les terribles événements de la Seconde Guerre mondiale. Terminée en Europe après la capitulation de l'Allemagne nazie le 8 mai 1945, puis achevée définitivement sur le théâtre d'opération Asie-Pacifique le 2 septembre 1945 avec la capitulation du Japon, cette guerre totale propulse sur le devant de la scène deux grands vainqueurs : les Etats-Unis d'Amérique et l'Union des Républiques Socialistes Soviétiques (URSS). 

Le texte ci-dessous s'inscrit dans la ligne éditoriale de la revue des Temps modernes qui a pour objectif de produire certains changements dans la condition sociale de l'homme et dans la conception qu'il a de lui-même. Sartre revient sur l'indifférence et l'angoisse qui caractérisent, selon lui, cette fin de guerre. C'est que, si la guerre a pris fin, la paix n'a, en revanche, pas vraiment commencé. La paix semble être devenue un jeu continu de dégradés. Les derniers événements ont révélé que les puissances de l'Axe (Allemagne, Italie, Japon) étaient finalement les nations les plus faibles, qui cèdent la place à deux superpuissances disposant de moyens colossaux. Mais surtout, ils ont montré le vrai visage de cette guerre : un avertissement de la fragilité humaine. Ils mettent l'homme face à sa responsabilité essentielle : c'est à lui qu'il appartient de définir le sens de l'histoire.

samedi 27 mai 2017

"L'histoire de toute société jusqu’à nos jours n'a été que l’histoire de luttes de classes"

Commentaire

Le Manifeste du parti communiste (1848) est un texte de Karl Marx (1818-1883) et de Friedrich Engels (1820-1895). Il a d'abord été publié anonymement en allemand. Il constitue le programme de la Ligue des communistes, organisation internationale fondée à Londres en 1847 et dont l'objectif est de faire connaître et de diffuser ses idées à travers le monde. La publication du manifeste est contemporaine des événements révolutionnaires de février 1848 en France qui aboutissent à la proclamation de la Deuxième République. 

Le texte ci-dessous se trouve au début du Manifeste. Dans un paragraphe introductif, Marx et Engels dressent le constat ironique du "spectre du communisme" qui inquiète les puissances de la vieille Europe ainsi que la Russie tsariste. Ils notent que l'épithète "communiste" est devenue une insulte. Ils en déduisent donc que le communisme est d'ores et déjà reconnu comme "une puissance" à part entière par les autres puissances d'Europe. Le Manifeste vise à exposer les conceptions, les buts et les tendances du communisme et à expliquer pourquoi comparer le communisme à un fantôme n'est qu'un conte destiné à effrayer les peuples. 

mercredi 24 mai 2017

"Rien de grand ne s'est accompli dans le monde sans passion"

Commentaire

La Raison dans l'Histoire constitue l'introduction des Leçons sur la philosophie de l'histoire (1837) de Georg Wilhelm Friedrich Hegel (1770-1831). Ces leçons ont été publiées après la mort de l'auteur, à partir des notes de cours prises par ses étudiants. Dans cette introduction, Hegel explique que la raison est à l'oeuvre dans l'histoire, c'est-à-dire que, contrairement aux apparences, l'histoire ne se réduit pas au déroulement d'une série de faits désordonnés et chaotiques, mais réalise le développement de la rationalité. Il existe donc un sens de l'histoire vers plus de droits et de libertés.

Le texte ci-dessous est extrait de la partie consacrée au matériel de la réalisation de l'Esprit. Hegel vient de souligner les conséquences désastreuses des passions humaines qui entraînent un déchaînement de violences et de destructions de toute sorte. Mais il ne s'arrête pas à ce constat. Il cherche à comprendre à quelle fin tous ces immenses sacrifices sont accomplis. Ainsi, il estime qu'ils sont, en réalité, les moyens mis au service d'une cause supérieure : la réalisation et la prise de conscience de l'Esprit par lui-même, l'Esprit désignant l'unité entre la réalité et la pensée. Dans l'histoire, le négatif apparaît comme le moyen pour le positif d'advenir, les passions ne s'opposent pas à la raison, mais sont la condition de son développement.

dimanche 21 mai 2017

"On peut considérer l'histoire de l'espèce humaine comme l'exécution d'un plan caché de la nature"

Commentaire

L'Idée d'une histoire universelle au point de vue cosmopolitique (1784) est un article du philosophe Emmanuel Kant (1724-1804) qui comprend une introduction et neuf propositions. Pour Kant, les actions humaines, comme tout autre événement naturel, obéissent aux lois universelles de la nature. Lesquelles ? C'est ce qui n'est pas évident à déterminer car il faut prendre en considération le rôle de la liberté du vouloir humain. Mais de même que des études statistiques permettent de mieux saisir les régularités des comportements humains, Kant estime possible de trouver un fil conducteur à l'histoire.

Le texte ci-dessous constitue la Huitième proposition de l'ouvrage. Dans la proposition précédente, la septième, Kant note que les Etats se comportent au niveau international comme les individus à l'état de nature : ils entrent en conflit. Or, l'état civil naît de ces antagonismes et de la nécessité d'y mettre un terme en instituant un ordre qui garantisse à chacun des droits. La nature utilise ainsi les pulsions destructrices des hommes pour les amener là où la raison simple aurait dû les conduire. En tant que telle donc, la coexistence pacifique des nations n'adviendra pas de la seule sagesse des nations, mais sera le fruit d'un processus similaire à celui qui a mené les individus vers la société civile, c'est-à-dire un processus traversé par de violents sursauts tels que les guerres ou les révolutions et suivi par la compréhension de la nécessité de juridiciser et de moraliser les relations entre les Etats.

mercredi 17 mai 2017

"Les hommes acceptent sans examen les récits des faits passés" 

Commentaire


La Guerre du Péloponnèse (fin du Ve siècle av. J.-C.) narre les premières années du conflit qui a opposé de 431 à 404, les deux grandes cités grecques antiques : Sparte avec la ligue du Péloponnèse et Athènes avec la ligue de Délos. Elle est l'oeuvre de l'historien athénien Thucydide (460-395 av. J.-C.). Elle constitue l'un des premiers textes d'histoire avec l'Enquête (445 av. J.-C.) d'Hérodote qui décrit les guerres médiques opposant les Grecs aux Perses de 490 à 479 av. J.-C. Elle est généralement considérée comme le premier récit historique fidèle et rigoureux, l'ouvrage d'Hérodote étant encore marqué par la mythologie. 

Le texte ci-dessous rassemble trois chapitres (XX, XXI et XXII) tirés du livre I sur les huit que contient l'oeuvre. Il est consacré à l'analyse des causes de la guerre. Cette recherche des causes véritables est tout à fait inédite à l'époque dans l'analyse historique. Thucydide étudie comment Athènes, dans les cinquante années qui ont suivi la victoire sur les Perses, est parvenue à constituer un empire dont l'accroissement inquiétait les Lacédémoniens, poussant ainsi ces derniers à déclencher la guerre, suivis par leurs alliés, qui craignaient pour leur indépendance. L'explication classique par les griefs de chaque camps laisse la place à une analyse qui tient compte de la situation politique, ainsi que du contexte socio-économique. Les causes des événements ne sont plus à rechercher en dehors du monde humain, mais à l'intérieur de celui-ci, tenant compte des ambitions des cités et de leurs dirigeants. 

vendredi 24 mai 2013

Citations sur la culture

1)      Le langage

« La parole est l’existence extérieur du sens ».
Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception.

« Nous ne voyons pas les choses mêmes ; nous nous bornons, le plus souvent, à lire les étiquettes collées sur elles ».
Bergson, Le Rire.

« Dire, c’est faire ».
Austin, Quand dire c’est faire.

« Le monde (…) devient humain (…) seulement lorsqu’il est devenu objet de dialogue ».
Arendt, Vies politiques.

« Ce dont on ne peut parler, il faut le taire ».
Wittgenstein, Tractatus logico-philosophicus.

2)      L’art


« L'art, dans certains cas parachève ce que la nature n'a pas la puissance d'accomplir, dans d'autres cas il imite la nature. »
Aristote, Physique.

« Le beau est ce qui plaît universellement sans concept ».
Kant, Critique de la faculté de juger.

« Le jugement de goût est seulement contemplatif ; c'est un jugement qui, indifférent à l'existence de l'objet, ne fait que lier sa nature avec le sentiment de plaisir et de peine ».
Kant, Critique de la faculté de juger.

« Le génie est la disposition innée de l’esprit par laquelle la nature donne ses règles à l’art ».
Kant, Critique de la faculté de juger.

« Le beau est toujours bizarre ».
Baudelaire, Les Fleurs du mal.

« Personne ne peut voir dans l'œuvre dans l'artiste comment elle s'est faite ; c'est son avantage, car partout où l'on peut assister à la formation, on est un peu refroidi ». Nietzsche, Humain, trop humain.

« L’art est le grand stimulant de la vie ».
Nietzsche, Crépuscule des idoles.

« Nous avons l’art afin de ne pas périr de la vérité ».
Nietzsche, La volonté de puissance.

« L’art n’a d’autre objet que d’écarter (…) tout ce qui nous masque la réalité, pour nous mettre face à la réalité elle-même ».
Bergson, Le Rire.

« L’art ne reproduit pas le visible, il rend visible ».
Paul Klee, Théorie de l’art moderne.

« L’art est un anti-destin ».
Malraux, Les Voix du silence.

« Ecrire un poème après Auschwitz est barbare ».
Adorno, Prismes : critique de la culture et société.

3)      Le travail et la technique


« L’homme est le plus intelligent des animaux parce qu’il a des mains ».
Anaxagore.

« Nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature ».
Descartes, Discours de la méthode.

« Il n’est pas contraire à la raison de préférer la destruction du monde à une égratignure de mon doigt ».
Hume, Traité de la nature humaine.

« Le travail éloigne de trois grands maux : l'ennui, le vice et le besoin ».
Voltaire, Candide.

« Les philosophes n’ont fait qu’interpréter diversement le monde, ce qui importe c’est de le transformer ».
Marx, Thèses sur Feuerbach.

« La promesse de la technique moderne s'est muée en menace ».
Jonas, Le Principe de responsabilité.

« Agis de façon que les effets de ton action soient compatibles avec la permanence d’une vie authentiquement humaine sur terre ».
Jonas, Le Principe responsabilité.

4)      La religion


« La volonté de Dieu, cet asile de l’ignorance ».
Spinoza, Ethique.

« Dieu ou la nature ».
Spinoza, Ethique.

« L'ignorance, la peur, voilà les deux pivots de toute religion ».
Baron d'Holbach, Système de la nature.

« La religion est le sens et le goût de l'infini ».
Schleiermacher, Discours sur la religion.

« La superstition est à la religion ce que l’astrologie est à l’astronomie : la fille très folle d’une mère très sage ».
Voltaire, Politique et législation.

« Si Dieu n’existait pas, il faudrait l’inventer ».
Voltaire, Epîtres.

« Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles ».
Leibniz, Théodicée.

« La religion sans la conscience morale, n'est qu'un culte superstitieux ».
Kant, Réflexions sur l'éducation.

« La religion est (…) l’opium du peuple ». +++
Marx, Pour une critique de la philosophie du droit de Hegel.

« La religion serait la névrose obsessionnelle universelle de l’humanité ».
Freud, L’Avenir d’une illusion.

« Dieu est mort ! Et c’est nous qui l’avons tué ! »
Nietzsche, Le Gai Savoir.

« On trouve des sociétés qui n'ont ni science, ni art, ni philosophie. Mais il n'y a jamais eu de société qui n'a jamais eu de religion ».
Bergson, Les deux sources de la morale et de la religion.

« Quand Dieu se tait, on peut lui fait dire tout ce que l’on veut ».
Sartre, Le diable et le bon dieu.

5)      L’histoire


« On ne se baigne pas deux fois dans le même fleuve ».
Héraclite.

« Il peut être vrai que la fortune soit maîtresse de la moitié de nos œuvres, mais elle nous en laisse gouverner à peu près l'autre moitié. »
Machiavel, Le Prince.

« Ce sont (…) les grands hommes historiques qui saisissent l'Universel supérieur et font de lui leur but ».
Hegel, La Raison dans l'Histoire.

« La devise de l’Histoire devrait être : Eadem, sed aliter – les mêmes choses, mais d’une autre manière ».
Schopenhauer, Le monde comme volonté et comme représentation.

« L’humanité se compose de plus de morts que de vivants ».
Comte, Discours sur l'ensemble du positivisme.

« Nul bonheur, nulle sérénité, nulle espérance, nulle fierté, nulle jouissance de l’instant présent ne pourraient exister sans faculté d’oubli ».
Nietzsche, La généalogie de la morale.

« L’histoire se répète : la première fois comme tragédie, la seconde comme comédie ».
Marx, Le 18 Brumaire de Louis-Napoléon Bonaparte.

« L’histoire de toute société jusqu’à nos jours n’a été que l’histoire de luttes de classes ».
Marx, Manifeste du parti communiste.

« La Société est composée de deux grandes classes : ceux qui ont plus de dîners que d’appétit, et ceux qui ont plus d’appétit que de dîners ».
Chamfort, Maximes et pensées, CXCIV.

« Ceux qui ne peuvent se rappeler le passé sont condamnés à le répéter ».
Santayana, La vie de la raison.

mercredi 8 juillet 2009

Heidegger ou la destruction de la métaphysique

Le § 6 de Etre et temps s'intitule « La tâche d'une destruction de l'histoire de l'ontologie ». Il s'agit pour Martin Heidegger de présenter ce que doit impliquer une destruction (Destruktion) de l'histoire du discours sur l'être (c'est-à-dire de l'ontologie). En effet, dans la pensée grecque qui inaugure la naissance de la philosophie occidentale, la question de l'être des choses est la question fondamentale qui conditionne toute élaboration philosophique. Platon et Aristote cherchent à savoir « ce que sont les choses », c'est-à-dire à déterminer ce qu'est la vérité du monde et de nous-mêmes. Savoir ce que l'on est ainsi que se connaître soi-même font partie intégrante de ce questionnement sur l'être.

Cependant, Heidegger remarque que cette question a été trop souvent oubliée dans l'histoire de la philosophie. Les grandes philosophies modernes se déploient en effet sur un fond de concepts (Dieu, l'âme, le monde) où la question de l'être ne fait plus problème. La philosophie devient un simple discours sur l'étant des choses, c'est-à-dire un discours où l'être va de soi et ne suscite plus l'étonnement. Pour cette raison, il dénonce la philosophie moderne comme une onto-théologie, un discours qui ne se pose plus la question de l'être, mais qui se referme dans une conception théologique de l'être, où l'être est posé de façon dogmatique comme objet.

La destruction est une tâche que doit se donner la pensée pour se défaire de la tradition des concepts de la philosophie et ainsi revenir aux expériences originaires qui ont présidé à leur constitution, et notamment ceux de la philosophie grecque. Il s'agit donc de revenir à l'une des plus fondamentales questions de la philosophie : « qu'est ce que l'être ? ».

La destruction entraîne une répétition de la question de l'être dans l'objectif d'approfondir l'être à partir du temps. Heidegger avance que toute philosophie de l'être est solidaire d'une histoire et d'une temporalité. Dans la philosophie moderne, on a cru possible de dire l'être indépendamment du moment historique dans lequel se déployaient les concepts. L'être était pensé sans le temps. Or Heidegger montre qu'il y a une histoire de la philosophie, et une détermination des concepts qui est non seulement propre à une époque mais aussi à une existence humaine, celle du philosophe. On ne peut donc plus faire comme si le philosophe révélait la vérité telle qu'elle est indépendamment du temps propre à l'existence humaine.

Ainsi de la même façon que Deleuze a montré qu'il y avait une géographie de la philosophie, on peut dire qu'Heidegger a montré qu'il existait une histoire de la philosophie. Ce constat incite à prendre en compte l'idée que nous informons l'être en fonction du temps et du lieu où l'on se trouve. D'où l'importance de continuer à se reposer la question de l'être à chaque époque.

Heidegger propose de repartir de ce constat pour élaborer une philosophie qui puisse prendre en compte cette dimension historique. Il nous invite ainsi à détruire la métaphysique telle qu'elle s'est bâtie, c'est-à-dire sur une conception de l'être qui nie la dimension temporelle de l'existence.

Cette destruction n'est cependant pas entièrement négative. La destruction heideggérienne ne laisse pas place à un champ de ruines. Heidegger détruit la philosophie pour répéter une question qui doit ouvrir à une nouvelle philosophie prenant en compte l'existence historique de l'homme et son rapport problématique à l'être. C'est en ce sens que Derrida a proposé comme traduction du terme allemand Destruktion la "déconstruction". La déconstruction est ce qui détruit et reconstruit dans un même mouvement de pensée la pensée.

Cette réflexion a stimulé toute une réflexion philosophique qui se donne pour tâche de lire les textes en ré-insérant des concepts dans leur trajectoire historique.