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mercredi 11 avril 2018

Existe-t-il un droit au bonheur ?

Introduction

Nous avons aujourd'hui tendance à considérer légitime que le droit étende son emprise à des domaines de plus en plus nombreux dans notre société. Il serait l'assurance d'une meilleure protection des citoyens et offrirait des garanties nouvelles aux individus. Ce fut le cas par exemple, en 2007 en France, où fut créer un droit opposable au logement qui a conduit à obliger l'Etat de mettre à disposition des logements pour des ménages reconnus en grandes difficultés financières. Dans ces conditions, pourquoi ne pas faire d'une notion comme le bonheur la source d'un droit ? Existe-t-il un droit au bonheur ? 

Le droit relève de ce qui organise les rapports sociaux, garantit les libertés et punit, le cas échéant, les entorses qui lui sont faites. Le bonheur, quant à lui, peut se définir comme un état de joie et de plénitude. Un droit au bonheur consisterait donc à organiser les rapports sociaux de manière à ce qu'ils permettent à tous les individus de parvenir à cet état. Mais comment rédiger un tel droit ? S'il est possible de définir le bonheur par ce qu'il produit en nous, il est difficile de dire précisément en quoi il consiste et semble assez différent d'un homme à l'autre. Dans ces conditions, un droit au bonheur serait-il réellement souhaitable ? Si chacun a sa propre conception du bonheur, un droit qui s'en montrerait respectueux serait soit extrêmement flou, soit exclurait une partie des individus dont la conception serait différente de celle imposée par ce droit. Pour autant, les hommes s'assemblent dans le but de vivre plus heureux que s'ils restaient chacun dans leur coin. Le bonheur semble donc un objectif des pouvoirs publics, ce qui se traduit d'ailleurs par la présence de promesses dans les différentes professions de foi des candidats à une élection. L'enjeu est donc ici de se demander quel est le bon niveau d'intervention pour les pouvoirs publics, car trop d'interventionnisme pourrait faire peser un risque sur les libertés individuelles, alors qu'un défaut d'intervention signifierait que l'Etat ne se préoccupe pas du bonheur des citoyens, ce qui interroge la fin du politique.

lundi 15 août 2016

Cours - La justice et le droit

Introduction

Au premier abord, la justice et le droit semblent deux notions très proches relevant du domaine juridique, la justice consistant minimalement en l'application du droit. Pourtant, il suffit de rappeler l'argument d'une pièce célèbre de Sophocle pour se persuader du contraire. Dans Antigone (441 av. J.-C.), on assiste en effet à une opposition frontale entre le droit humain et la justice divine. Antigone, soeur de Polynice recouvre, contre le décret du roi Créon, le corps de son frère qui vient d'être tué au combat. Elle estime l'édit royal illégitime car contrevenant aux lois divines, non écrites et éternelles, selon lesquelles tout corps a droit à une sépulture. Créon soutient, en revanche, que les lois humaines ne peuvent être enfreintes au nom de convictions personnelles et que Polynice était un traitre. Il décide donc de faire emmurer Antigone vivante pour avoir osé braver son autorité. 

La justice vient du latin justus qui signifie juste. Est juste une personne qui possède un jugement moral et une intention d'équité, qui va chercher à apprécier, reconnaître et respecter les droits et mérites de chacun. Mais il existe deux grands types de droit : le droit positif, créé artificiellement par les sociétés humaines et le droit naturel, droit non écrit, qui dérive de la nature des choses ou de la nature humaine. La justice divine dont se réclame Antigone est, en quelque sorte, une conception qui se rapproche du droit naturel au sens où elle agit au nom d'une justice transcendant les sociétés humaines, qui serait édictée par les dieux et valable en tout temps et en tout lieu. Cependant, la justice peut aussi désigner l'institution judiciaire chargée de faire appliquer le droit positif, d'où la position de Créon qui affirme être dans son bon droit lorsqu'il juge Antigone pour avoir enfreint la loi. Il peut donc considérer qu'il incarne la justice et que par conséquent, ses décisions sont justes parce qu'il lui appartient de faire respecter les lois. 

samedi 13 août 2016

"Le plus fort n'est jamais assez fort pour être toujours le maître, s'il ne transforme sa force en droit et l'obéissance en devoir"

Commentaire

Le Contrat social (1762) est un ouvrage de Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) qui vise à établir les conditions d'une fondation légitime de l'autorité politique. Il a une visée normative : il ne s'agit pas de décrire comment fonctionne l'Etat, mais d'établir les conditions d'un gouvernement légitime. Pour ce faire, Rousseau considère que la liberté est une caractéristique fondamentale de l'état de nature et qu'il faut déterminer la forme la plus juste de gouvernement en fonction de celle-ci. Le Contrat s'ouvre en effet sur le constat suivant : "l'homme est né libre et partout il est dans les fers" (I, 1).

Le texte ci-dessous constitue le chapitre III intitulé "Du droit du plus fort" du premier livre du Contrat social. Dans ce livre I, Rousseau cherche à déterminer le principe de légitimité de tout ordre politique en opérant une critique des anciens systèmes de justification de l'autorité. Après avoir établi que la famille est la plus ancienne et la plus naturelle des sociétés, il estime qu'elle sert, par analogie, de premier modèle aux sociétés politiques (le chef est le père, le peuple est l'enfant), mais il montre aussi que l'aliénation de la liberté de l'enfant se fait pour son utilité alors que celle du peuple sert plus souvent le plaisir de commander du chef que sa liberté. Dans le chapitre III, il s'attaque au droit du plus fort comme système de justification de l'autorité.

mercredi 10 août 2016

"Plaisante justice qu’une rivière borne ! Vérité au‑deçà des Pyrénées, erreur au‑delà"

Commentaire

Les Pensées (1670) ont été publiées après la mort de Pascal (1623-1662). Elles constituent un ensemble de notes qui devaient figurer dans une apologie de la religion chrétienne. Il s'agit donc d'un ouvrage à la fois fragmentaire et inachevé, remis en ordre par des éditeurs et dont la présentation peut varier. Malgré tout, il permet de se faire une idée de la pensée de Pascal, qui ne cherche pas à faire de système, mais à exposer la nécessité de la grâce (dans la théologie chrétienne, elle est l'aide surnaturelle apportée aux hommes par Dieu pour qu'ils accomplissent leur salut). Sans Dieu, l'homme est condamné à l'essentielle misère de sa condition car la raison seule demeure impuissante à découvrir certaines vérités.

Le texte ci-dessous constitue le fragment 294 dans l'édition Brunschwicg. Pascal fait le constat d'un relativisme des coutumes juridiques et de l'impossibilité d'établir ce que serait une justice universelle valable pour tous et en tout temps. Dans un autre fragment (Br. 298), il rapproche la justice et la force : "la justice sans la force est impuissante, la force sans la justice est tyrannique" et ajoute : "ne pouvant faire que ce qui est juste fût fort, on a fait que ce qui est fort fût juste". Ces extraits du fragment 298 entrent en résonance avec ce qui est développé ci-dessous : les hommes corrompus par le péché originel n'ont pas la capacité de s'accorder rationnellement sur ce qu'est la justice, par conséquent, la force qui, contrairement à la justice, n'a pas besoin de longues discussions pour s'imposer, va être à l'origine de l'établissement du juste. Mais ce coup de force aura, à son tour besoin de la justice, pour être accepté et éviter la discorde et la contestation. 

"Le droit de nature est la liberté que chacun a d’user de sa propre puissance"

Commentaire

Le Léviathan (1651) a été écrit par Thomas Hobbes (1588-1679) dans le contexte des guerres civiles qui divisent l'Angleterre de son époque. Dans un style claire, avec un souci de définition rigoureux des concepts, il établit dans cet ouvrage une théorie du contrat au moyen duquel les hommes peuvent sortir de l'état de guerre qui caractérise l'état de nature. A l'état de nature, les individus disposent d'une égalité naturelle, d'où une certaine rivalité entre eux, chacun ne cherchant à obéir qu'à lui-même. Cet antagonisme des forces rend impossible l'obéissance à une même loi, d'où la nécessité d'établir un Etat qui contrebalance et annule ces forces.

Le texte ci-dessous se trouve au début du chapitre XIV intitulé "Des lois naturelles". Au chapitre précédent, Hobbes a décrit la situation de l'état de nature, moment théorique où les hommes vivent sans qu'une puissance leur impose à tous un "respect mêlé d'effroi", comme "une guerre de chacun contre chacun". L'enjeu dans le chapitre qui suit consiste à donner une assise juridique à la mise en place d'une autorité politique. Or le droit naturel implique que chaque individu considère comme juste ce qui sert son propre pouvoir ou ses propres intérêts. En effet, seule la loi positive peut définir ce qui est juste ou injuste pour Hobbes. Toutefois, il est possible, au moyen de la raison, de déterminer le contenu d'une loi naturelle.

mardi 9 août 2016

"La nature de l'équitable est d'être un correctif de la loi"

Commentaire

L'Ethique à Nicomaque est une oeuvre d'Aristote (384-322 av. J.-C) qui se compose de dix livres et qui porte sur l'éthique (du grec êthos "moeurs"), c'est-à-dire sur l'art de diriger sa conduite de la meilleure façon qui soit. Cette réflexion chez Aristote est inséparable de la politique, donc de la vie en communauté avec d'autres hommes. Elle vise à déterminer quel est le souverain bien - le bonheur pour Aristote - ainsi que la meilleure façon d'y parvenir. Cet objectif amène le Stagirite à réfléchir sur des notions telles que la vertu (livres I à IV), la justice (livre V), l'amitié (livre VIII et IX) et le bonheur (livre X). 

Le texte ci-dessous est extrait du livre V consacré à la justice et, plus précisément, du chapitre 14 intitulé "L'équité et l'équitable" reproduit intégralement. En V, 6-7, Aristote a distingué la justice distributive qui donne à chacun à proportion de ce qui lui revient et la justice corrective qui consiste à rétablir l'égalité. Il a également, en V, 9, défini la justice comme médiété, c'est-à-dire comme un art du juste milieu, il s'agit de ne donner ni trop, ni trop peu, l'injustice relevant ainsi des extrêmes. Il en vient ainsi à distinguer l'égalité de traitement que réalise la justice légale et ce qu'il appelle l'équité qui vise à pallier les insuffisances de la règle de droit lorsqu'un cas particulier l'exige au regard d'une certaine conception de la justice. 

mercredi 3 août 2016

"C’est un plus grand mal de commettre l’injustice que de la souffrir"

Commentaire

Le Gorgias (vers 387 av. J.-C) est un dialogue de Platon (428-348 av. J.-C) sous-titré Sur la rhétorique. Mais, contrairement à La Rhétorique d'Aristote, il ne s'agit pas d'exposer la meilleure manière de persuader son auditoire. L'objectif de Platon consiste à analyser la dimension morale et politique de cet art qu'il considère à la fois comme mensonger et funeste. Il réunit plusieurs personnages dont Gorgias, célèbre sophiste, mais aussi Calliclès (un sophiste que certains commentateurs jugent fictif, le dialogue se déroule chez lui) et Polos, un disciple de Gorgias. Chéréphon, disciple de Socrate, accompagne son maître. 

Le texte ci-dessous constitue l'explication de la position de Socrate qui paraît à ses interlocuteurs paradoxale : il vaut mieux subir une injustice que la commettre. Socrate a questionné Gorgias sur la nature de la rhétorique, que ce dernier a défini comme un pouvoir de persuasion, une technique de combat que l'on peut utiliser pour le bien ou pour le mal. Mais Gorgias soutient que son enseignement de la rhétorique peut aussi instruire sur les valeurs morales, ce que Socrate réfute en affirmant que connaître le juste suppose aussi de le vouloir nécessairement. Polos va donc sommer Socrate de définir la rhétorique. La réponse de Socrate se veut cinglante : la rhétorique n'est même pas un art, mais une simple flatterie, un ensemble de recettes de cuisine dépourvues de rationalité. 

"Il est juste que celui qui vaut mieux ait plus qu’un autre qui vaut moins"

Commentaire

Le Gorgias (vers 387 av. J.-C) est un dialogue de Platon (428-348 av. J.-C) sous-titré Sur la rhétorique. Il s'agit de définir ce qu'est la rhétorique et surtout, pour Platon, d'en faire la critique. La rhétorique désigne l'art de bien parler, c'est-à-dire de recourir à des figures de style afin d'impressionner et de persuader son auditoire. Or, telle que l'utilisent les sophistes, dont fait partie Calliclès, l'un des principaux protagonistes du dialogue qui s'oppose frontalement à Platon, la rhétorique ne sert aucune cause transcendante qui serait le bien ou le juste, mais constitue un outil de domination au service du plus fort. 

Le texte ci-dessous est extrait de la tirade de Calliclès, qui hors de lui, répond à Socrate que sa conception de la justice comme recherche du bien, est erronée. Calliclès se fait le chantre de la théorie du droit du plus fort : la justice, selon lui, se confond avec la force. Il recourt pour appuyer sa théorie à la distinction entre la nature et la loi et oppose ainsi la situation de domination des forts sur les faibles à l'état de nature au retournement que constitue la loi humaine qui protège les plus faibles au détriment des plus forts. Autrement dit, Calliclès a une vision naturaliste du droit : à l'état de nature, c'est la loi de la jungle, les forts dominent les faibles et cette domination n'est rien d'autre que la justice. Par conséquent, le tyran qui s'impose par la force ne doit pas être condamné car s'il est le plus fort, sa domination des autres hommes est légitime. 

mercredi 6 avril 2016

"Le monopole de la violence physique légitime"

Commentaire

Le savant et le politique est un recueil composé de deux conférences prononcées par Max Weber en 1919 : "La vocation de savant" et "La vocation de potitique". Dans la première, Weber traite du rapport du savant aux valeurs et dans la seconde, de l'action politique, de son fonctionnement, de sa légitimation et donne une définition célèbre de l'Etat : "communauté humaine" qui détient "le monopole de la violence physique légitime". C'est de cette conférence qu'est issu le texte présenté ci-dessous.

Le sens de l'adjectif "politique" s'entend pour Max Weber à partir de la notion de groupement humain. L'Etat correspond à la direction ou à l'influence que l'on exerce sur cette direction du groupement humain. 

lundi 28 mars 2016

Le Projet de paix perpétuelle de Kant

Le Projet de paix perpétuel est un texte publié en 1795 où le philosophe Emmanuel Kant réfléchit à la possibilité d'instaurer une paix perpétuelle entre les différents Etats du monde. Dans son incipit, il s'adresse aux hommes politiques qui réduisent les théoriciens comme lui à de doux rêveurs et dénonce l'immobilisme des praticiens qui se complaisent dans une situation où l'humanité est dégradée.

Cette fiche de lecture a été réalisée à partir de l'édition suivante : Emmanuel Kant, Projet de paix perpétuelle, trad. Karin Rizet, Mille et une nuits, coll. "Poche", 2001. 

dimanche 27 mars 2016

La guerre peut-elle être juste ?

Pour n’importe quel pacifiste, le recours à la violence est injustifiable. Toute guerre est profondément injuste car elle engage une escalade sans fin dans la logique de la loi du talion : œil pour œil, dent pour dent. Le point d’arrêt de cette surenchère de violence est l'élimination de l’une des deux parties, ce qui implique aussi que ce n’est pas forcément celui qui a raison qui l’emporte, mais toujours le plus fort. La guerre peut-elle être juste ?

On peut condamner le phénomène de la guerre en lui-même, il n’en reste pas moins que le recours à la violence est parfois nécessaire, ne serait-ce que pour se défendre. Mais la justification de ce recours est problématique : un Etat trouve toujours une bonne raison de faire la guerre à un autre. Il semble donc important de mettre en place un droit international et supra étatique, ainsi qu’une instance internationale qui soit chargée de le faire appliquer. Dans cet optique, l’enjeu est de définir un droit à la guerre (jus ad bellum) qui permette de juger quand est-ce qu’un Etat peut recourir à la violence contre un autre. On peut également édifier un droit dans la guerre (jus in bello) afin que la situation de guerre ne soit pas une suspension du droit. Mais cette conception juridique du recours à la violence n’est pas évidente. L’application de ce droit n’est pas toujours possible, car personne en temps de guerre n’est en mesure de faire respecter ce droit international si ce n'est les belligérants eux-mêmes. La guerre en effet, reste un phénomène entre Etats, donc entre deux conceptions différentes du droit. Il faut également souligner que la signature de traités internationaux doit reconnaître la souveraineté des Etats sur le territoire et par conséquent impose non seulement d’admettre les frontières telles qu’elles sont établies, mais en plus suppose de concéder aux Etats la légitimité de leur monopole de la violence légitime. Enfin la guerre est un phénomène éminemment politique, c’est-à-dire un conflit de pouvoir entre des peuples. Par conséquent, la morale n’a pas une prise facile sur la situation dans ce contexte : toute guerre semble en deçà du bien et du mal, en deçà de toute morale en ce qu’elle laisse finalement le droit du plus fort décider de l’issue de la guerre.

A quelles conditions la guerre peut-elle échapper à l’arbitraire du droit du plus fort ? Comment justifier la légitimité d’une guerre juste ? Tout d’abord, nous établirons en quoi le droit est la condition de possibilité de toute justification de la guerre, puis nous montrerons les limites de la justification juridique de la violence, enfin nous chercherons à savoir quel type de loi peut justifier une guerre.

samedi 25 mai 2013

Citations sur la politique

1/ La société


« L'homme est par nature un animal politique ».
Aristote, La Politique.


« Celui qui est sans cité est soit une brute, soit un dieu ».
Aristote, La Politique.

« Ce qui donne naissance à une cité, c’est l’impuissance où se trouve chaque individu à se suffire à lui-même ».
Platon, La République.

« L’homme est un loup pour l’homme ».
Hobbes, Léviathan.

« La plus ancienne de toutes les sociétés et la seule naturelle est celle de la famille ».
Rousseau, Du Contrat social.

« Chacun appelle barbarie ce qui n'est pas de son usage ».
Montaigne, Essais.

« Tout être raisonnable existe comme fin en soi et non pas simplement comme moyen ».
Kant, Fondement de la métaphysique des mœurs.

« L'homme n'existe que pour la société et la société ne le forme que pour elle ».
De Bonald, Théories du pouvoir politique et religieux.

« Vices privés, vertus publiques ».
Mandeville, La Fable des abeilles.

«  Ce n’est pas de la bienveillance du boucher, du brasseur et du boulanger qu’il faut espérer notre dîner, mais du souci de leur propre intérêt ».
Smith, Richesse des nations.

« Là où l’intérêt règne seul, (…) chaque moi se trouve vis-à-vis de l’autre sur le pied de guerre ».
Durkheim, De la division du travail social.

2/ La justice et le droit


« Ce sont les faibles, la masse des gens, qui établissent les lois (…) en fonction de leur intérêt propre ».
Platon (exprimant la pensée du sophiste Calliclès), Gorgias.

« Ne pouvant faire que ce qui est juste fût fort, on a fait que ce qui est fort fût juste ».
Pascal, Pensées.

« La justice sans la force est impuissante. La force sans la justice est tyrannique. »
Pascal, Pensées.

« Plaisante justice qu’une rivière borne ! Vérité au-deçà des Pyrénées, erreur au-delà ».
Pascal, Pensées.

« Le plus fort n’est jamais assez fort pour être toujours le maître, s’il ne transforme sa force en droit et l’obéissance en devoir ».
Rousseau, Du contrat social.

« L’homme porte en lui-même la justification principale de la propriété ».
Locke, Second traité du gouvernement civil, chap. 5, §44.

« Si la justice disparaît, c’est chose sans valeur que les hommes vivent sur terre ».
Kant, Métaphysique des mœurs, « Doctrine du droit », II.

« La propriété, c’est le vol ».
Proudhon, Qu’est-ce que la propriété.

« L’équité (…) donne de l’air à la justice ».
Jankélévich, Traité des vertus.

3/ L’Etat


« En vérité, le but de l'État, c'est la liberté ».
Spinoza, Traité théologico-politique.

« Pour qu'on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir ».
Montesquieu, L'Esprit des lois.

« Les hommes doivent être caressés ou anéantis ».
Machiavel, Le Prince.

« Aussi longtemps que les hommes vivent sans un pouvoir commun qui les tienne tous en respect, ils sont dans cette condition qui se nomme guerre, et cette guerre est guerre de chacun contre chacun ».
Hobbes (décrivant la situation à l’état de nature), Le Léviathan.

« Les ouvriers n’ont pas de patrie ».
Marx, Manifeste du parti communiste.

« Cette sorte de servitude réglée, douce et paisible (…) à l’ombre même de la souveraineté du peuple ».
Tocqueville, De la démocratie en Amérique, II, 4, 6.

« L’État, c’est le plus froid de tous les monstres froids : il ment froidement et voici le mensonge qui rampe de sa bouche : ‘‘Moi, l’État, je suis le Peuple’’. »
Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, « De la nouvelle idole ».

« La guerre, c’est la continuation de la politique avec d’autres moyens ».
Clausewitz, De la guerre.

« Le pouvoir sans l’abus perd le charme ».
Valéry, Cahier B.

« Résistance et obéissance, voilà les deux vertus du citoyen. Par l'obéissance, il assure l'ordre, par la résistance, il assure la liberté ».
Alain, Propos.

« Tout pouvoir sans contrôle rend fou ».
Alain, Propos.

« On ne fait pas de politique avec de la morale, mais on n'en fait pas davantage sans ».
 Malraux, La Condition humaine.