Le Manuel (v. 130) est un recueil de pensées composé par Arrien de Nicomédie, à partir de l'enseignement de son maître Epictète (50-130 ap. J.-C.). Epictète se rattache au stoïcisme tardif, c'est-à-dire celui de l'époque impériale romaine, incarné, entre autres, par Sénèque et Marc-Aurèle. La philosophie stoïcienne naît avec Zénon de Cittium (335-264 av. J.-C.). Elle prend son nom de l'endroit où Zénon réalisait son enseignement, sous un portique, et qui se dit en grec stoa. Ce courant de pensée associe une croyance dans l'existence d'une providence (tout ce qui arrive ne peut qu'être bon car inscrit dans la perfection de la nature) avec une liberté pensée d'abord et avant tout comme capacité d'agir sur soi.
Le texte ci-dessous se trouve au tout début du Manuel. Dans ces 6 premiers des 53 paragraphes qu'il compte en tout, Epictète établit la première et fondamentale règle de sa morale qui consiste à séparer ce qui dépend de nous de ce qui n'en dépend pas. Epictète est un ancien esclave (épiktétos signifie "esclave, serviteur") que son maître se plaisait à faire souffrir inutilement. C'est peut être la raison pour laquelle il développe ici une philosophie prônant le détachement et la mise à distance des représentations que l'on peut avoir des choses. Il considère que la philosophie peut servir de guide pour mener une vie heureuse et permettre, le cas échéant, la consolation.