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samedi 11 novembre 2017

“La monnaie est devenue une sorte de substitut du besoin et cela par convention”

Commentaire

L'Ethique à Nicomaque est une oeuvre d'Aristote (384-322 av. J.-C.) traitant de questions morales. Après avoir énoncé que le bonheur comme contemplation était le souverain bien (livre I), Aristote s'intéresse à la vertu qu'il définit comme juste mesure (livre II) puis livre diverses analyses de celle-ci (III, IV). Il s'intéresse ensuite à la justice (livre V), aux vertus intellectuelles (VI), à l'intempérance et aux plaisirs (VII), à l'amitié (VIII, IX) et termine par des considérations sur la vie contemplative, laquelle jouit d'une place prééminente dans sa morale (livre X). 

Le texte ci-dessous est extrait du livre V consacré au thème de la justice. Au début du chapitre VIII, Aristote analyse la justice dans les échanges. Il remarque alors que c'est l'idée de réciprocité qui domine, une réciprocité qui n'est pas définie par une égalité stricte, mais par une égalité proportionnelle. En effet, l'échange consiste à échanger des produits qui sont qualitativement et quantitativement différents. Comment alors trouver une commune mesure qui permettent à chaque contractant d'avoir le sentiment que l'échange réalisé est juste ? 

jeudi 11 mai 2017

"Les premières langues sont filles du plaisir et non du besoin"

Commentaire

Sous-titré Où il est parlé de la Mélodie et de l’imitation musicale, l’Essai sur l’origine des langues (1781) est un texte posthume de Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) qui peut se lire comme un complément au Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes (1755) de l’aveu même de son auteur et parce qu’on y lit une réflexion à la fois sur la musique et sur les fondements de la société. L’argument central de cet essai est que les premières langues furent l’expression des passions. En comparant la langue grecque ancienne d’Homère à la prosodie moderne, Rousseau estime qu’il s’est produit une perte de vocalité de la langue remplacée par l’articulation liée à la dimension de l'écriture, ou pour le dire plus simplement : la langue de la raison (le français) a remplacé la langue du cœur (le grec).

Dans le chapitre IX dont est extrait le texte ci-dessous, Rousseau s'applique avec un certain lyrisme à expliciter la différence des langues entre le Nord et le Sud : les langues méridionales sont nées des passions et s’opposent aux langues du Nord, nées des besoins. Or les langues méridionales sont nées les premières, en lien avec les passions, et disposent pour cette raison d’une musicalité et d’une chaleur indéniable. Malheureusement regrette Rousseau, ce sont les langues du Nord qui semblent désormais l’emporter.

dimanche 31 juillet 2016

Cours - Les échanges

Introduction

Un échange désigne une opération par laquelle on donne un bien contre un autre bien ou contre de la monnaie. Il implique l'idée de réciprocité : on donne une chose contre une autre et les choses échangées sont considérées comme équivalentes. Par exemple, un pays donne un territoire en contrepartie d'un autre. On donne toujours quelque chose en échange de quelque chose d'autre supposée avoir une valeur comparable. En ce sens, l'échange se distingue du don, qui lui semble sans réciprocité, gratuit. 

Mais si l'échange suppose réciprocité, il sous-entend également qu'il procure un avantage à celui qui échange. En effet, pour qu'il y ait échange, il faut toujours un intérêt à l'échange et donc l'idée en arrière plan d'un avantage. La valeur d'échange se distingue ainsi de la valeur d'usage : l'utilité que j'ai d'un bien n'est pas toujours égale à ce que d'autres seraient prêts à donner pour l'acquérir. Si j'ai trois manteaux et pas de chaussures, j'ai intérêt à échanger un manteau contre une paire de chaussure avec quelqu'un qui a trois paires de chaussures et pas de manteau. Nous avons tous deux intérêt à l'échange parce que nous n'accordons pas la même valeur d'usage à ce que nous échangeons. 

vendredi 29 juillet 2016

"La prohibition de l'inceste n'est instaurée que pour garantir et fonder un échange"

Commentaire

Les Structures élémentaires de la parenté (1949) constitue la thèse de doctorat de Claude Lévi-Strauss (1908-2009). Dans cet ouvrage, il analyse la prohibition de l'inceste, c'est-à-dire l'interdiction d'entretenir des relations sexuelles avec ses parents proches et voit en cette règle la structure fondamentale propre à toute société. Sur le plan ethnologique, il s'agit effectivement d'un fait universel. Mais, en outre, cette règle marque la démarcation entre les faits de nature et les faits de culture car, à travers elle, s'organise le passage de la parenté comme donné biologique à l'union qui relève du choix et du rapport à autrui. Elle se situe ainsi au croisement de l'existence biologique et de l'existence sociale de l'homme.

Le texte ci-dessous se trouve à la fin du chapitre IV de l'ouvrage. Lévi-Strauss a montré que cette règle de la prohibition de l'inceste dispose de frontières fluctuantes selon les cultures, mais reste identifiable formellement dans toute société. Elle est marquée pour une part par la biologie, la nécessité de l'union des sexes pour assurer la reproduction, mais témoigne aussi d'une indifférence de la nature quant aux choix des alliances et des partenaires. Autrement dit, il s'agit d'une forme vide qui, chez l'homme, est investie d'un contenu culturel venant définir des interdits. Mais elle n'est ni purement culturelle, ni purement naturelle. Elle comprend un dosage d'éléments composites emprunté à la nature et à la culture. 

mercredi 27 juillet 2016

"On ne constate pour ainsi dire jamais de simples échanges de biens"

Commentaire

L'Essai sur le don (1926) de l'anthropologue Marcel Mauss (1872-1950) est sous-titré Forme et raison de l'échange dans les sociétés archaïques. Dans cet ouvrage, il s'agit principalement pour le neveu et disciple du sociologue Emile Durkheim, de montrer que les phénomènes économiques s'insèrent dans une logique plus globale que celle qui régit les échanges marchands et que cette logique ne se réduit pas à celle du calcul d'intérêt mercantile. En étudiant les sociétés archaïques (au sens étymologique du terme : arkhê en grec désigne "le principe"), Mauss montre que les échanges ont une nature éminemment sociale et qu'ils proviennent d'un système complexe de don et contre-don.

Le texte ci-dessous est extrait de l'introduction de l'essai. Mauss explique que dans de nombreuses sociétés, les échanges prennent la forme de cadeaux qui apparaissent comme volontaires d'un point de vue théorique, mais qui sont en réalité faits et rendus de manière obligatoire. Ces échanges constituent des phénomènes sociaux totaux, c'est-à-dire qu'ils sous-tendent et que s'y expriment toutes sortes d'institutions tels que la religion, le droit, la morale, la politique, la famille ou l'économie. Il s'intéresse plus particulièrement à ce caractère du don qui implique qu'il soit obligatoirement rendu. Il interroge les forces à l'oeuvre qui obligent le donataire à rendre le don sous forme d'un contre-don.

mardi 26 juillet 2016

"L'argent est la force chimique universelle de la société"

Commentaire 

Les Manuscrits de 1844 sont un ensemble de textes de jeunesse rédigés par Karl Marx (1818-1883) à l'occasion de l'un de ses séjours à Paris. Il comporte trois manuscrits : le premier porte sur le salaire, le profit du capital et le travail aliéné, le deuxième s'attache à décrire l'opposition du capital et du travail, le troisième s'intéresse, quant à lui, à la propriété privée, à la division du travail, au pouvoir de l'argent et à la phénoménologie hégélienne. 

Le texte ci-dessous est extrait du troisième manuscrit et, plus précisément, d'une partie traitant du pouvoir de l'argent dans la société bourgeoise. L'argent engendre une fascination chez les hommes. Il a pour qualité de pouvoir presque tout acheter et tend donc à passer pour tout puissant à leurs yeux. Marx s'interroge sur l'essence de l'argent et cherche à déterminer l'origine de son pouvoir. Pour cela, il mobilise deux extraits d'oeuvre théâtrale : Faust de Goethe et Timon d'Athènes de Shakespeare. 

vendredi 22 juillet 2016

"Donnez-moi ce dont j’ai besoin, et vous aurez de moi ce dont vous avez besoin"

Commentaire


De la richesse des nations (1776) est un ouvrage fondamental du philosophe et père de l'économie moderne Adam Smith (1723-1790). Il constitue une rupture fondamentale avec la conception hobbésienne d'un état de nature conçu comme état de guerre. Smith analyse la situation initiale de l'homme comme étant celle du marchand. Dans son optique, les relations d'échange sont premières et régies par le marché où se rencontrent l'offre et la demande autour d'un prix. Ainsi, tant que la concurrence s'exerce librement, le marché est un lieu pacifié où s'ordonne l'interdépendance des individus bien comprise des individus parce qu'ils ont besoin les uns des autres.

Le texte ci-dessous se trouve au début du livre I, chapitre II qui porte, plus précisément, sur le principe rendant possible la division du travail : l'échange. La division du travail consiste en la séparation des tâches composant le processus de production afin de permettre à l'ouvrier de gagner en habilité, en temps et de favoriser l'accomplissement de tâches simples par des machines. Elle est évoquée au début de la Richesse des nations à travers l'exemple célèbre de la manufacture d'épingles (I, 1). L'échange en constitue le principe car Smith définit l'homme comme étant incapable de subvenir seul à ses besoins : il a naturellement besoin des autres pour vivre. Mais en outre, la somme de ces échanges est spontanément harmonieuse : chacun en recherchant son intérêt propre se trouve conduit par une "main invisible" et remplit ainsi une fin "qui n'entre nullement dans son intention" (Richesse des nations, IV, 2). En échangeant, sans s'en rendre compte, l'homme fait société.

dimanche 10 juillet 2016

“Renoncer à sa liberté, c'est renoncer à sa qualité d’homme”

Commentaire

Du Contrat social (1762), sous-titré Principes du droit politique, est une oeuvre majeure de Jean-Jacques Rousseau (1712-1778). Contrairement à Aristote, Rousseau pense que l'état social n'est pas un état naturel à l'homme, mais qu'avec le temps, il est devenu inévitable. Il va donc rechercher les règles d'un contrat social permettant de préserver la liberté caractéristique de l'état de nature. Son entreprise est normative : il explique non pas le fonctionnement des institutions politiques, mais décrit ce que doit être l'Etat pour que le pouvoir s'exerce de façon légitime, donc conforme au droit. 

Le texte ci-dessous est extrait du livre I, chapitre IV qui porte sur l'esclavage. Au début de ce chapitre, Rousseau part du principe qu'aucun homme n'a d'autorité naturelle sur son semblable et que la force ne peut produire aucun droit. Le seul moyen pour que les hommes s'obligent entre eux est donc de recourir à une convention afin d'instituer un Etat. Rousseau est un théoricien du contrat ou contractualiste : les hommes vivent en société après avoir établi entre eux un contrat réglant le vivre ensemble. Cependant, à la différence de ses prédécesseurs qui s'inscrivent dans ce courant, il estime que la liberté ne peut pas faire l'objet d'un échange. 

mercredi 6 juillet 2016

"Chacune des choses dont nous sommes propriétaires est susceptible de deux usages différents"

Commentaire

La Politique (ou Les Politiques) est un traité composé de huit livres que l'on doit à Aristote (384-322 av. J.-C.). La réflexion d'Aristote porte sur la polis, c'est-à-dire la cité en grec. Il s'agit pour lui de l'une des formes les plus élaborées de société permettant aux hommes de parvenir à la vie bienheureuse. En I, 2, Aristote a défini l'homme comme un "animal politique" : seul être parmi les animaux à disposer de la raison et du langage, il n'est véritablement lui-même que lorsqu'il s'associe et discute avec ses semblables au meilleur moyen de parvenir au souverain bien : le bonheur. 

Le texte ci-dessous est extrait du livre I, chapitre 9 qui porte sur la chrématistique et la monnaie. La chrématistique est la partie de l'économie qui s'intéresse à la production des richesses. Aristote commence par distinguer la valeur d'échange et la valeur d'usage des choses, puis il critique ceux qui accordent à la valeur d'échange une importance telle qu'ils en oublient la valeur d'usage des biens qui sont échangés. L'échange ne doit pas être une fin en soi, de même que la monnaie qui n'est qu'un moyen de le réaliser.

samedi 25 mai 2013

Citations sur la politique

1/ La société


« L'homme est par nature un animal politique ».
Aristote, La Politique.


« Celui qui est sans cité est soit une brute, soit un dieu ».
Aristote, La Politique.

« Ce qui donne naissance à une cité, c’est l’impuissance où se trouve chaque individu à se suffire à lui-même ».
Platon, La République.

« L’homme est un loup pour l’homme ».
Hobbes, Léviathan.

« La plus ancienne de toutes les sociétés et la seule naturelle est celle de la famille ».
Rousseau, Du Contrat social.

« Chacun appelle barbarie ce qui n'est pas de son usage ».
Montaigne, Essais.

« Tout être raisonnable existe comme fin en soi et non pas simplement comme moyen ».
Kant, Fondement de la métaphysique des mœurs.

« L'homme n'existe que pour la société et la société ne le forme que pour elle ».
De Bonald, Théories du pouvoir politique et religieux.

« Vices privés, vertus publiques ».
Mandeville, La Fable des abeilles.

«  Ce n’est pas de la bienveillance du boucher, du brasseur et du boulanger qu’il faut espérer notre dîner, mais du souci de leur propre intérêt ».
Smith, Richesse des nations.

« Là où l’intérêt règne seul, (…) chaque moi se trouve vis-à-vis de l’autre sur le pied de guerre ».
Durkheim, De la division du travail social.

2/ La justice et le droit


« Ce sont les faibles, la masse des gens, qui établissent les lois (…) en fonction de leur intérêt propre ».
Platon (exprimant la pensée du sophiste Calliclès), Gorgias.

« Ne pouvant faire que ce qui est juste fût fort, on a fait que ce qui est fort fût juste ».
Pascal, Pensées.

« La justice sans la force est impuissante. La force sans la justice est tyrannique. »
Pascal, Pensées.

« Plaisante justice qu’une rivière borne ! Vérité au-deçà des Pyrénées, erreur au-delà ».
Pascal, Pensées.

« Le plus fort n’est jamais assez fort pour être toujours le maître, s’il ne transforme sa force en droit et l’obéissance en devoir ».
Rousseau, Du contrat social.

« L’homme porte en lui-même la justification principale de la propriété ».
Locke, Second traité du gouvernement civil, chap. 5, §44.

« Si la justice disparaît, c’est chose sans valeur que les hommes vivent sur terre ».
Kant, Métaphysique des mœurs, « Doctrine du droit », II.

« La propriété, c’est le vol ».
Proudhon, Qu’est-ce que la propriété.

« L’équité (…) donne de l’air à la justice ».
Jankélévich, Traité des vertus.

3/ L’Etat


« En vérité, le but de l'État, c'est la liberté ».
Spinoza, Traité théologico-politique.

« Pour qu'on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir ».
Montesquieu, L'Esprit des lois.

« Les hommes doivent être caressés ou anéantis ».
Machiavel, Le Prince.

« Aussi longtemps que les hommes vivent sans un pouvoir commun qui les tienne tous en respect, ils sont dans cette condition qui se nomme guerre, et cette guerre est guerre de chacun contre chacun ».
Hobbes (décrivant la situation à l’état de nature), Le Léviathan.

« Les ouvriers n’ont pas de patrie ».
Marx, Manifeste du parti communiste.

« Cette sorte de servitude réglée, douce et paisible (…) à l’ombre même de la souveraineté du peuple ».
Tocqueville, De la démocratie en Amérique, II, 4, 6.

« L’État, c’est le plus froid de tous les monstres froids : il ment froidement et voici le mensonge qui rampe de sa bouche : ‘‘Moi, l’État, je suis le Peuple’’. »
Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, « De la nouvelle idole ».

« La guerre, c’est la continuation de la politique avec d’autres moyens ».
Clausewitz, De la guerre.

« Le pouvoir sans l’abus perd le charme ».
Valéry, Cahier B.

« Résistance et obéissance, voilà les deux vertus du citoyen. Par l'obéissance, il assure l'ordre, par la résistance, il assure la liberté ».
Alain, Propos.

« Tout pouvoir sans contrôle rend fou ».
Alain, Propos.

« On ne fait pas de politique avec de la morale, mais on n'en fait pas davantage sans ».
 Malraux, La Condition humaine.