Les Structures élémentaires de la parenté (1949) constitue la thèse de doctorat de Claude Lévi-Strauss (1908-2009). Dans cet ouvrage, il analyse la prohibition de l'inceste, c'est-à-dire l'interdiction d'entretenir des relations sexuelles avec ses parents proches et voit en cette règle la structure fondamentale propre à toute société. Sur le plan ethnologique, il s'agit effectivement d'un fait universel. Mais, en outre, cette règle marque la démarcation entre les faits de nature et les faits de culture car, à travers elle, s'organise le passage de la parenté comme donné biologique à l'union qui relève du choix et du rapport à autrui. Elle se situe ainsi au croisement de l'existence biologique et de l'existence sociale de l'homme.
Le texte ci-dessous se trouve à la fin du chapitre IV de l'ouvrage. Lévi-Strauss a montré que cette règle de la prohibition de l'inceste dispose de frontières fluctuantes selon les cultures, mais reste identifiable formellement dans toute société. Elle est marquée pour une part par la biologie, la nécessité de l'union des sexes pour assurer la reproduction, mais témoigne aussi d'une indifférence de la nature quant aux choix des alliances et des partenaires. Autrement dit, il s'agit d'une forme vide qui, chez l'homme, est investie d'un contenu culturel venant définir des interdits. Mais elle n'est ni purement culturelle, ni purement naturelle. Elle comprend un dosage d'éléments composites emprunté à la nature et à la culture.
La prohibition de l'inceste constitue négativement une interdiction. Mais Lévi-Strauss explique qu'il ne s'agit que de "l'aspect superficiel de la prohibition". En effet, interdire l'usage sexuel de certains membres d'un groupe humain implique l'existence d'un autre groupe où cet usage est permis. En ce sens, prohibition de l'inceste et exogamie sont liées. L'exogamie désigne la coutume suivant laquelle les mariages se font entre les membres de clans différents. Or cette coutume suppose l'échange entre des groupes humains : "la prohibition de l'usage sexuel de la fille ou de la soeur contraint à donner en mariage la fille ou la soeur à un autre homme, et, en même temps, elle crée un droit sur la fille ou la soeur de cet autre homme". Ici réside "la contrepartie positive" de l'interdiction : "la défense équivaut à une obligation ; et renonciation ouvre la voie à une revendication". L'interdiction crée une obligation pour le groupe et un droit pour l'autre groupe. Elle prend sens une fois mise en perspective par la nécessité d'échanger les femmes pour assurer la survie du groupe.
L'inverse de l'exogamie est l'endogamie : il s'agit de la coutume qui oblige les membres de certaines tribus à se marier en son sein. Lévi-Strauss explique que la vraie endogamie consiste, en réalité, à refuser la reconnaissance de la possibilité du mariage en dehors de la communauté. Elle est généralement une endogamie de classe et correspond bien souvent à la notion de classe sociale : on se marie plus volontiers avec une personne issue de la même classe sociale que soi. En revanche, l'endogamie fonctionnelle n'est que l'envers de l'exogamie et ne s'explique qu'en fonction de celle-ci : par exemple, le mariage entre cousins peut, d'un certain point de vue, être appréhendé comme de l'endogamie relativement au groupe familial, mais il peut aussi être perçu comme le renforcement d'une alliance avec une branche opposée.
Lévi-Strauss s'intéresse plus particulièrement à l'exogamie dont la prohibition de l'inceste est une composante en tant que règle à respecter dans le cadre de l'échange des femmes en vue du mariage. Elle lui apparaît d'abord et avant tout comme "une règle de réciprocité" : une femme qui nous est interdite est en même temps offerte à un autre groupe, qu'il soit défini par les institutions ou bien qu'il renvoie à une collectivité indéterminée et ouverte. Elle est la condition de possibilité d'un échange. Dans notre société par exemple, ce qu'on appelle "nos proches", notre famille, fait l'objet d'un interdit sexuel. La prohibition de l'inceste et l'exogamie peuvent être confondues dans la mesure où sur le plan formel, il s'agit bien de régler la légitimité du choix du partenaire sexuel en vue de l'échange des femmes.
Dans tout système matrimonial, c'est-à-dire reposant sur le mariage, la prohibition de l'inceste consiste à interdire l'usage d'une femme afin qu'elle devienne disponible pour un autre homme. C'est pourquoi "le contenu de la prohibition n'est pas épuisé dans le fait de la prohibition", la prohibition de l'inceste en effet "n'est instaurée que pour garantir et fonder [...] un échange". Lorsque se met en place une règle de ce type au sein d'une communauté, c'est parce qu'il y a nécessité de l'échange des femmes. L'autre groupe avec lequel l'échange se fait, met nécessairement en place un interdit formellement similaire pour rendre d'autres femmes disponibles et ainsi permettre l'échange. C'est en ce sens qu'il y a réciprocité, sinon on se trouve dans l'endogamie pure, ce qui n'existe pas.
En résumé, la prohibition de l'inceste permet tout d'abord de rendre disponible une femme pour l'échange avec un autre groupe social, mais plus fondamentalement, cette règle instaure la condition de possibilité de l'échange avec cet autre groupe : interdire l'usage sexuel d'une femme, c'est en même temps et réciproquement se préparer à en recevoir une autre en échange. Ici se joue l'idée que l'homme est fondamentalement un être de culture. L'universalité de la prohibition doit se comprendre en lumière avec le cheminement réalisé dans le cadre de cet échange vers la culture. En effet, l'interdit de l'inceste oblige la femme à quitter son milieu naturel, c'est-à-dire la famille où elle est née et a grandi, pour rejoindre le milieu culturel de son époux où se trouvent d'autres hommes étrangers à sa propre famille. Par conséquent, le mariage exogamique qui prohibe l'inceste se présente, aux yeux de Lévi-Strauss, comme un passage de la nature à la culture.
En résumé, la prohibition de l'inceste permet tout d'abord de rendre disponible une femme pour l'échange avec un autre groupe social, mais plus fondamentalement, cette règle instaure la condition de possibilité de l'échange avec cet autre groupe : interdire l'usage sexuel d'une femme, c'est en même temps et réciproquement se préparer à en recevoir une autre en échange. Ici se joue l'idée que l'homme est fondamentalement un être de culture. L'universalité de la prohibition doit se comprendre en lumière avec le cheminement réalisé dans le cadre de cet échange vers la culture. En effet, l'interdit de l'inceste oblige la femme à quitter son milieu naturel, c'est-à-dire la famille où elle est née et a grandi, pour rejoindre le milieu culturel de son époux où se trouvent d'autres hommes étrangers à sa propre famille. Par conséquent, le mariage exogamique qui prohibe l'inceste se présente, aux yeux de Lévi-Strauss, comme un passage de la nature à la culture.
Texte
"L'aspect négatif n'est que l'aspect superficiel de la prohibition. Le groupe au sein duquel le mariage est interdit évoque aussitôt la notion d'un autre groupe, aux caractères définis (prohibition de l'inceste accompagnée d'un système exogamique) ou vagues (prohibition simple, sans exogamie) au sein duquel le mariage est, selon les cas, simplement possible, ou inévitable ; la prohibition de l'usage sexuel de la fille ou de la soeur contraint à donner en mariage la fille ou la soeur à un autre homme, et, en même temps, elle crée un droit sur la fille ou la soeur de cet autre homme. Ainsi, toutes les stipulations négatives de la prohibition ont-elles une contrepartie positive. La défense équivaut à une obligation ; et renonciation ouvre la voie à une revendication.
On voit donc à quel point il est impossible, comme on le fait souvent, de considérer exogamie et endogamie comme des institutions du même type ; c'est vrai seulement pour cette forme d'endogamie que nous avons appelé fonctionnelle, et qui n'est autre que l'exogamie elle-même, envisagée dans ses conséquences. Mais la comparaison n'est possible qu'à la condition d'exclure l'endogamie "vraie", qui est un principe inerte de limitation, incapable de se dépasser lui-même. Au contraire, l'analyse de la notion d'exogamie suffit à montrer sa fécondité.
La prohibition de l'inceste, comme l'exogamie qui est son expression sociale élargie, est une règle de réciprocité. La femme qu'on se refuse, et qu'on vous refuse, est par cela même offerte. A qui est-elle offerte ? Tantôt à un groupe défini par les institutions, tantôt à cette collectivité indéterminée et toujours ouverte, limitée seulement par l'exclusion des proches, comme c'est le cas dans notre société. Mais à cette étape de notre recherche, nous croyons possible de négliger les différences entre la prohibition de l'inceste et l'exogamie : envisagées à la lumière des considérations précédentes, leurs caractères formels sont, en effet, identiques.
Il y a plus : que l'on se trouve dans le cas technique du mariage dit « par échange », ou en présence de n'importe quel autre système matrimonial, le phénomène fondamental qui résulte de la prohibition de l'inceste est le même : à partir du moment où je m'interdis l'usage d'une femme, qui devient ainsi disponible pour un autre homme, il y a, quelque part, un homme qui renonce à une femme qui devient, de ce fait, disponible pour moi. Le contenu de la prohibition n'est pas épuisé dans le fait de la prohibition ; celle-ci n'est instaurée que pour garantir et fonder, directement ou indirectement, immédiatement ou médiatement, un échange."
- Claude Lévi-Strauss, Les Structures élémentaires de la parenté (1949), Chapitre IV, Mouton de Gruyter, 2002, p. 59-60.
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