samedi 13 juin 2009

Le "Dieu ou la nature" de Spinoza

L'expression latine "deus sive natura" (Dieu ou la nature) est une conception matérialiste de Dieu que l'on doit au philosophe Baruch Spinoza (1632-1677). Dans la religion chrétienne, Dieu est considéré comme au-delà de la nature, il transcende le monde. Pour Spinoza, auquel on attribut d'ailleurs un athéisme patenté, Dieu n'est pas extérieur au monde, mais il est immanent à la nature, il est la nature elle-même.

Cette position théorique audacieuse découle en fait de sa réflexion philospohique. S'il suit la méthodologie cartésienne du raisonnement (il faut partir des notions les plus simples et les plus générales, pour ensuite en déduire d'autres notions plus complexes), il ne retient pas entièrement la conception de la substance de Descartes. Selon Descartes, il est possible de distinguer deux sens du terme substance. Au sens strict, la substance est ce qui existe par soi (Dieu). Au sens large cependant, les substances sont les choses que Dieu a créées et auxquels il apporte son concours afin qu'elles continuent à subsister (c'est la théorie de la création continuée). Il en existe deux modalités différentes : la substance pensante (la pensée) et la substance corporelle (l a matière). Descartes retient donc trois sortes de substance : Dieu (qui exsite par soi), la subtance pensante, immatérielle et spirituelle et la la substance étendue matérielle et corporelle (deux substances qui ne peuvent exister sans Dieu). Spinoza quant à lui ne retient que la définition de la substance au sens strict : la sustance est ce qui ne peut être produite par autre chose qu'elle-même, elle est cause de soi (causa sui).

Dans L'éthique, Spinoza part du plus simple et du plus général dans l'ordre de la connaissance : ce qui est cause de soi. Mais au lieu d'étendre la substance selon deux qualités essentielles (la pensée et la matière), il en fait une substance unique dotée d'une infinité d'attributs. Le fait que Descartes soutienne la possibilité de deux substances soutenues et conservées par Dieu lui apparaît comme une absurdité. Si l'on part du principe que Dieu est infini (ce que suppose Descartes), il est une substance qui comporte tous les attributs et ne peut pas se décliner en plusieurs substances sans que les attributs de Dieu ne finissent par contredire les attributs de la pensée ou de la matière. En d'autres termes, pour Spinoza, Descartes n'est pas assez rigoureux dans son raisonnement, il devrait tirer toutes les conséquences de ses postulats.

On peut cependant faire une objection à Spinoza : puisque le Dieu de Descartes est transendant, il peut très bien se décliner en deux substances, l'une pensante, l'autre matérielle, sans que les attributs de celles-ci viennent nier les attributs de Dieu. Spinoza montre cependant que le problème vient de l'attribut d'existence. Rappelons qu'un attribut en métaphysique désigne la propriété ou les propriétés essentielles d'une substance. Si Dieu est infini, il comporte tous les attributs, on ne peut donc pas lui enlever l'existence. En revanche, on ne peut pas accorder le même attribut d'existence aux substances que sont la pensée et la matière, puisqu'elles n'existent que grâce à Dieu. Or soit Dieu n'a pas cet attribut d'existence dérivée, et alors il n'est pas infini, soit l'existence dérivée n'existe pas, et alors la pensée et la matière n'existent pas. Spinoza retient la deuxième solution. Par conséquent, il faut admettre l'existence d'une seule substance.

S'il n'existe qu'une seule subtance, rien ne peut-être hors du monde. C'est ce qu'affirme Spinoza dans L'éthique : "tout ce qui est, est en Dieu et rien ne peut-être conçu sans Dieu". Pour Spinoza, il n'existe qu'une seule réalité fondamentale, qui est la nature. Il arrive à cette idée en montrant l'impossibilité d'un Dieu transcendant si l'on veut le concevoir en même temps comme sa propre cause et doté d'une infinité d'attributs. Contrairement à Descartes qui adoptait un point de vue dualiste de la substance, Spinoza est un moniste qui voit la substance comme l'unique support de tous les attributs possibles.



6 commentaires:

  1. Spinoza est un moniste qui voit la substance comme l'unique support de tous les attributs possibles. Totalement d'accord. Le Dieu d'Einstein, qui n'en était pas un, était celui de Spinoza. D'ailleurs, on pense maintenant en cosmologie que l'univers entier est infini, éternel, incréé et sans cause.

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  2. Le Dieu de Spinoza et d'Einstein est celui des bouddhistes (vajrayanistes)

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  3. Spinoza n'était-il pas davantage panenthéiste que "panthéiste" au sens moderne ? je pense que si le mot "panenthéisme" avait existé en son temps, il l'aurait choisi pour décrire son point de vue.

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  4. Dieu est la substance étérnelle infinie dissociée de la sbstance dégradable est finissante. C'est ainsi que l'idée est une creation de l'homme pour s'accrocher à
    Une éspérance d'une autre vie aprés la mort.

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  5. Dieu est là nature et ce pour cet idée qu'on doit faire le nécessaire pour démontrer l'infinité de l'éternel pour prouver que Dieu est bien présent ici même .

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